Comme la plupart des pays occidentaux et malgré un taux de fécondité parmi les plus élevés d’Europe, la France n’échappe pas au vieillissement de sa population. Dans son essai, Maxime Sbaihi dresse un bilan des conséquences de ce vieillissement sur l’économie et sur notre modèle social.
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, notre modèle social, basé sur la solidarité intergénérationnelle, est sensible à la démographie, moteur de son financement.
Le constat est sans appel aujourd’hui : les actifs doivent financer par répartition un nombre record de retraités qui passent un temps croissant à la retraite. Les bénéficiaires du système de retraite sont désormais en moyenne plus riches que ses contributeurs.
Notre système de retraite repose en théorie sur 3 leviers : travailler plus longtemps, baisser le niveau des pensions et augmenter les cotisations. On comprend bien, que les politiques se sont souvent disputés sur la meilleure combinaison sans altérer le modèle social. Les besoins sociaux augmentent mais il est difficile d’augmenter les cotisations face à une population active proportionnellement déclinante par rapport à celle des inactifs. (Le nombre d’actifs rapporté au nombre d’inactifs de 60 ans ou plus était de 1,9 en 2020 mais est projeté à 1,6 en 2040 et 1,4 en 2070, source INSEE)
L’auteur s’attarde ensuite sur la paupérisation des jeunes qu’il estime de plus en plus inquiétante : « le pauvre d’antan était un retraité sur la fin de sa vie, le pauvre d’aujourd’hui est un jeune confronté à l’avenir ». Il estime que l’équité intergénérationnelle n’est plus assurée. Les écarts de revenu se creusent face à une « patrimonialisation » de la société. Il précise que le patrimoine immobilier et financier des sexagénaires est le plus élevé de toutes les autres classes d’âge et que cette épargne surabondante n’a que peu d’impact dans le financement de l’économie puisqu’elle est principalement tournée vers des placements peu risqués et liquides. Grâce à une espérance de vie plus longue, les retraités d’aujourd’hui retardent la transmission de leur patrimoine.
Côté politique, l’auteur dresse un portrait qui peut s’avérer une nouvelle fois clivant :
– Les jeunes s’abstiennent le plus de participer aux élections, sont souvent mal-inscrits sur les listes électorales, ont tendance à se radicaliser et préfèrent une citoyenneté d’engagement, notamment sur l’écologie.
– Les plus de 50 ans sont les plus mobilisés, représentent la majorité absolue des votants, sont souvent séduits par le centrisme et préfèrent une citoyenneté du devoir.
La démocratie tend à glisser vers la gérontocratie puisque les politiques tendent à se préoccuper en priorité des électeurs plus âgés face à une jeunesse qui boude les urnes.
L’auteur propose des solutions d’inspiration plutôt libérale pour limiter cette injustice intergénérationnelle : mise en place d’un revenu universel, modification de la fiscalité des successions, remise à plat de la fiscalité immobilière, nouveau statut mixant CDI/CDD, solidarité intragénérationnelle.
L’essai est bien documenté, avec de nombreuses références bibliographiques et dans un style très accessible. Ce sujet d’actualité est au cœur des débats politiques dans un contexte de gestion de la dette publique.
Maxime SBAIHI est économiste et essayiste. Après un début de carrière dans le secteur bancaire à Paris, puis chez Bloomberg à Londres, il a été directeur des études de l’Institut Montaigne et est aujourd’hui directeur stratégique du Club Landoy.
Note de Sophie Friot