LES TEMPS FORTS DE LA CEREMONIE DE REMISE DES PRIX TURGOT

(mardi 19 mars 2024, 17H30-20H, Bercy)

La 37e cérémonie de remise des Prix Turgot a réuni près de 400 personnalités de l’économie et de l’université dans la salle de conférences du Ministère de l’Economie, de la finance et de la souveraineté industrielle et numérique.
La soirée a été ouverte par un discours de Kathleen Wantz O’Rourke, Présidente du Prix Turgot créé en 1987 par les anciens élèves de l’Institut de Haute Finance. Elle a salué la présence dans la salle des nombreuses personnalités du monde de l’économie et de la finance, puis retracé l’histoire du Prix et présenté son organisation.
Dans une 1 ere séquence, les cinq auteurs sélectionnés pour le Grand Prix et le Prix du Jury ont répondu aux questions posées par des membres du Cercle et du Club Turgot  (voir sites internet) : Thomas Angeletti a été questionné par Isabelle Job-Bazille sur son livre L’invention de l’économie française ; Fabien Bouglé a dialogué avec Emmanuel Millard sur son livre Guerre de l’énergie ; Brigitte Duvieusart, autrice avec Luc Tayart du livre La philanthropie. Un regard européen, a été interrogée par Florence Anglès ; Xavier Jaravel, auteur de Marie Curie habite dans le Morbihan,  par Dominique Chesneau, et enfin, Alain Quinet, auteur de L’économie de la guerre,  par Christian de Boissieu.
La 2e séquence, animée avec Philippe Dessertine, directeur de l’IHFI, a été consacrée à la remise des Prix spéciaux (qui ne répondent pas aux critères d’attribution du Grand Prix). Stéphane Trebucq et Remi Demersseman ont reçu le prix des ouvrages collectifs pour Le grand livre de la RSE (remis par Jean-Jacques Pluchart) ; Xavier Jaravel  a été honoré du prix du Jeune Auteur ; Pascal Quiry et Yann Lefur ont reçu le Prix du manuel universitaire pour leur ouvrage de référence Finance d’entreprise (remis par Jean-Luc Buchalet) ; Michel Mailloux, auteur de Robots financiers et IA, a  été consacré par le Prix francophonie (remis par Hubert Rodarie) ; Jean-Marie Huet et Franck Pignede ont reçu le prix de la DFCG (remis par sa présidente Marie-Hélène Pebayle) pour leur ouvrage La valorisation des actifs.
Un hommage à Jean-Louis Chambon , , président du Prix Turgot  de 2003 à 2023, a ensuite été prononcé par Michel Bon, ancien président du Prix Turgot et membre du grand Jury, qui  l’a remercié , pour son action exceptionnelle en faveur de la culture économique et financière. Il a notamment souligné sa grande capacité à réunir des personnalités et à animer des  équipes au sein du Grand Jury du prix, du Club Turgot et du Cercle Turgot  qu’il a créé en 2009.
 Jean Louis Chambon  a répondu en déclarant combien lui a apporté son action au service du prix Turgot qui est devenu une référence de la littérature économique francophone.  Il s’est efforcé par ses initiatives d’enrichir les connaissances et la culture économique des français qui sont confrontés à un environnement de plus en plus complexe et instable.  Il a été longuement ovationné par la salle.

Hommage du Club Turgot à Jean-Louis Chambon (préalable à la cérémonie)

Après 20 années, Jean-Louis Chambon a confié en avril 2023 les présidences de l’Association des Elèves et Anciens Élèves de l’Institut de Haute Finance (AEAEIHFI) et du Prix Turgot, à Kathleen Wantz O’Rourke, directrice financière du groupe Suez. Les anciens de l’IHFI, les membres du cercle Turgot, que Jean-Louis Chambon a créé en 2009, les membres de l’Association Nationale des Cadres Dirigeants salariés, dont il est président d’honneur, et ses amis du Bourbonnais, ont tenu à lui rendre hommage, pour son action en faveur de la culture économique et financière et pour ses exceptionnelles qualités humaines.
Après des études à l’Institut de Haute Finance (IHFI), à l’Institut Supérieur Bancaire (ISB)  et à l’Institut des Hautes Études de la Protection Sociale (IHEPS), Jean-Louis Chambon a effectué l’essentiel de sa carrière professionnelle dans la banque et la finance, en qualité de directeur dans le groupe Lazard- Sovac, puis de directeur général au sein du groupe du Crédit Agricole, en tant que responsable des relations extérieures notamment en Bourbonnais et en Auvergne. Il a exercé parallèlement des fonctions de représentation comme vice-président du Syndicat National des Cadres de Direction du Crédit Agricole, et il a été administrateur de plusieurs organisations nationales de retraite et de prévoyance.
Depuis 15 ans, il a démontré son talent d’écrivain en dirigeant la rédaction de 4 ouvrages collectifs publiés aux éditions Eyrolles :  Repenser la planète finance (2009), La Chinamérique (2010), Grandeur et misère de la finance moderne – Regards croisés de 45 économistes (2013), La Révolution silencieuse des seniors (2017). Il a également préfacé ou introduit plusieurs ouvrages remarqués: Inflation ou récession (2014), Le Shadow banking (2017), Les dettes publiques à la dérive (2018), Les banques face à leur avenir proche (2018), intelligence artificielle et intelligence humaine (2021) et La finance responsable et durable (2022).  Il a  rédigé plus de 150 chroniques sur des publications économiques et sociales, dont certaines ont reçu le Prix Turgot.  Ses chroniques ont été réunies dans trois anthologies publiées notamment par les éditions Vuibert : Les Carnets de lecture du cercle Turgot (2014), La pensée économique française (2017 et 2023). Il a par ailleurs écrit un roman (Dans une autre peau ?, 2020) et rédigé de nombreux articles dans divers journaux (Les Echos, Le Figaro, L’Opinion, Revue des Sciences de Gestion, Réseaux , Culture’top, le JSS…). Il a également été journaliste en dialoguant avec des auteurs sur la radio Canal Académie de l’Institut de France, dans le cadre des émissions Éclairages et au Au fil des pages. Il est enfin conseiller civil au cabinet   du Ministre  de la Défense  (Mirvog) avec le grade de Lieutenant- Colonel (RC).
Jean-Louis Chambon a également montré ses capacités d’animateur en présentant pendant 20 ans les cérémonies de remise des Prix Turgot au Sénat puis à Bercy, ainsi que de nombreux   déjeuners-débats avec des personnalités politiques et financières, organisés par le cercle Turgot. Il a enfin fait preuve de rares qualités de négociateur et de leader, en réunissant le jury du Prix Turgot, présidé par Michel Bon puis par Jean-Claude Trichet, et composé de hautes personnalités de la finance et de l’université. Il a su enfin s’entourer d’une équipe fidèle d’anciens élèves de l’IHFI, qui composent le comité de rédaction de ce blog. Ses amis souhaitent vivement qu’il poursuive longtemps ses remarquables actions au service de la connaissance des idées et des pratiques de l’économie financière.
Avant l’annonce des Prix, Jean-Claude Trichet s’est livré à une analyse particulièrement éclairante de la désinflation actuellement amorcée dans la plupart des pays occidentaux. Selon lui, la poussée inflationniste récente a été provoquée par des facteurs conjoncturels – la reprise de la consommation après la période du covid, la politique accommodante des banques centrales, les effets de la guerre en Ukraine – mais aussi des facteurs structurels – la déglobalisation des marchés mondiaux, la fin de la stagnation des salaires, la « transition verte »  et un certain retour au local.  Jean Claude Trichet perçoit plusieurs facteurs favorables à une certaine désinflation : l’expérience acquise par les banques centrales, le repli de l’inflation sous-jacente et surtout, l’alignement spontané sur l’objectif de  2% d’inflation de la plupart  des banques centrales mondiales.
Puis ont été révélés les noms des récipiendaires des trois mentions d’honneur, Thomas Angeletti, Fabien Bouglé et Brigitte Duvieusart & Luc Taillart – remis respectivement par Marie-Hélène Pebayle, Catherine Kuszla et Michel Scheller – , puis  du Prix du Jury, Xavier Jaravel,  remis par le général Sintès, et enfin, du Grand Prix, Alain Quinet, décerné par Augustin de Romanet, président du Cercle Turgot, après une brève allocution sur le rayonnement du prix Turgot, au cours de laquelle il a rappelé combien depuis 37 ans, la pensée de Turgot,  économiste et ministre des finances sous louis XVI, avait influencé  les actions des nombreux amis du Prix Turgot présents dans la salle.
La cérémonie a été clôturée par un cocktail convivial.

La 37e cérémonie de remise des Prix Turgot Remise du prix Turgot à Jean-Louis Chambon Discours de Michel Bon

Voici 20 ans que Jean-Louis Chambon remet le prix Turgot. Avec les prix d’honneur, les prix spéciaux, les prix collectifs et d’autres encore. Au total, plus de deux cents fois, il félicita, manipula les lourdes récompenses, serra des mains, et prît, avec plus de deux cents lauréats, un sourire figé pour le photographe. Sans compter, tout additionné, des heures d’applaudissements.

Mais aujourd’hui, renversement de situation : c’est son tour de recevoir le prix, avec l’air un peu gêné qui convient aux circonstances : « mais non, c’est trop, pourquoi moi ? » Et non : « enfin ».

Pourquoi lui, en effet ? Quitte à surprendre, je dirai tout de suite que ce n’est pas pour son titre de meilleur connaisseur français de la ligne SNCF Moulins Paris qu’il est honoré. Imaginez ce qu’il lui a fallu de retards, d’annulations, de grèves, de wagons bar. C’est fort…

C’est fort, mais tout de même un peu étroit pour mériter un prix Turgot pout l’ensemble de son œuvre. Non, s’il est là aujourd’hui, c’est tout simplement, parce que son œuvre, justement, c’est le prix Turgot !

A quoi bon, en effet, écrire des livres d’économie si personne ne les lit ? Et comment les porter à la connaissance du grand public sinon en les faisant connaitre.  A cette question, qui surplombe toute la création littéraire, les frères Goncourt, il y plus de cent ans, ont apporté une réponse : un prix.

Pendant vingt ans, avec ténacité et talent, Jean-Louis Chambon s’est consacré à cela : établir, puis élargir la renommée du Prix Turgot, de façon à donner envie de lire des ouvrages d’économie à un public toujours plus vaste. Et contribuer ainsi à la culture économique des Français, qui semble, en effet, perfectible. Vingt ans après, le prix Turgot représente ce qui vous a tous réunis aujourd’hui : la référence qui donne courage aux lecteurs, derrière eux aux éditeurs, et finalement aux auteurs.

Au nom de Jean-Claude Trichet, au nom de tous ceux qui se sont succédés dans les jurys, je suis fier, cher Jean-Louis Chambon de vous remettre ce prix Turgot pour l’ensemble de votre œuvre.

Réponse de Jean –Louis Chambon

Cher Président Michel Bon   

 Mes remerciements les plus chaleureux à celles et ceux qui,  avec vous , sous le  sceau de votre précieuse amitié, ont pris cette initiative qui me  touche profondément .                                                                          Tout aussi précieux est le rappel de l’histoire du prix Turgot qui l’a consacré comme le grand rendez-vous annuel de la littérature économique et financière nationale et qui lui a permis d’honorer chaque année les meilleures parutions et leurs auteurs,  grandes signatures ou nouveaux talents , de cette science qui ne pour n’être pas exacte n’en est pas moins très précieuse.

Vous avez bien voulu souligner avec une amicale bienveillance la contribution que j’ai pu apporter au cours de mon long mandat et la part que j’ai pu prendre dans la diffusion des idées et pour la réflexion économique … J’ y suis  d’autant plus sensible  que nous avons cheminé plus d’une décennie ensemble avant que vous ne passiez le témoin comme président du grand jury à Jean-Claude Trichet que je salue très amicalement. Le rôle du grand jury reste fondamental pour l’écosystème du prix Turgot en apportant toute sa légitimité et celle de ses membres.   

Permettez-moi de partager cette reconnaissance avec mes compagnons de la première heure,

Michel Gabet, les professeurs Jean-Jacques Pluchart et Philippe Dessertine,  , les anciens élèves de l’IHFI et la présidente Kathleen WANTZ O ROUKE. Je salue chaleureusement l’ensemble de nos partenaires , ils se reconnaitront  ,qui nous ont honorés de leur fidélité et de leur confiance,  autour du  président Patrick Combes , le général, Jean Gilles Sintes, – et Augustin de Romanet qui vient d’accepter la Présidence du Cercle TURGOT. Ce qui nous honore.

Merci  enfin  à l’equipe de la communication de bercy avec Christine Lemaire et Stéphane Fustier, et Bravo  à nos amis artistes ,virtuoses  scuplteurs ou graphistes qui on fait  rayonner par leur  talent  la marque Turgot  avec notre très précieuse Patricia  Giraud.

 Mais je voudrais ajouter un remerciement très personnel à madame la présidente des Amis de turgot Ysabel de Naurois Turgot qui nous fait l’honneur et l’amitié d’être des nôtres ce soir. Chère Ysabel le soutien et les encouragements que vous nous avez constamment apportés ont été très précieux dans nos actions et pour porter la pensée de votre illustre ancêtre. J’ai gardé très présent le souvenir de vous avoir reçue quai de Conti à l’Institut pour Canalacademie pour lancer les combats que nous avons ensemble menés  que ce soit pour garder un accès public au tombeau de Turgot, à la chapelle de Laennec malgré les dérives des promoteurs immobiliers et  ou pour conserver vos archives en France.

  Merci donc à toutes et à tous pour votre précieuse amitié. 

Une page se tourne pour moi ce soir avec une certaine émotion. Mais une autre   pleine de promesses s’ouvre dans la continuité, avec cette 37ème Edition et je m’en félicite. Notre nouvelle Présidente Kathleen et ses équipes, porteront j’en suis sûr vers de nouveaux sommets les couleurs de la marque TURGOT. 

Je voudrais terminer ce bref propos par une double réflexion.   

– Premièrement, je constate que jamais la mission que nous sommes assignée, partagée d’ailleurs par de nombreuses institutions amies que je salue, de contribuer à promouvoir la culture économique et de participer à sa pédagogie n’a été aussi importante. Enquêtes après enquêtes, on peut mesurer combien la culture financière de nos compatriotes est à la peine. Deux français sur trois estiment qu’ils n’ont pas les connaissances suffisantes pour comprendre les mécanismes et enjeux des politiques économiques. Comment dans ce contexte pourraient-ils soutenir des réformes auxquelles ils ne comprennent rien ? Si on ajoute les dégâts collatéraux des réseaux sociaux, les confusions intellectuelles qu’ils colportent, on peut se convaincre qu’il y a là un facteur de blocage, un fléau de notre Société qu’il faut ABSOLUMENT combattre. L’éducation financière de nos concitoyens reste une grande cause nationale  soutenue d ailleurs  cette  semaine par l’ initiative de la Banque de France.

– Turgot est resté durant toutes ces années une source d’inspiration pour nos actions et la parution des 25 ouvrages de la collection Turgot. Je tiens à remercier les nombreux et éminents économistes pour leur contribution et leur amitié. Ils étaient près de 60 dès les premiers ouvrages, « Grandeurs et Misères de la finance moderne » et la Chinamérique néologisme que nous avons créé avec succès. TURGOT reste pour l’histoire un des pères du libéralisme mais son premier mérite  reste  d’avoir su acclimater à l’esprit français les thèses libérales par trop anglo-saxones.  Le libéralisme qu’il portait était celui de la sagesse et de la modération sachant allier liberté individuelle et intérêt général.et.repris.dans.cet.épigraphe :  .« … liberté autant que nécessaire, égalité autant que possible… ». 

Puisse cette pensée inspirer les budgétaires d’aujourd’hui dont Turgot était le précurseur . Sa célèbre lettre au roi, une référence ici à Bercy   a su poser les bases des finances Publiques modernes et de la responsabilité budgétaire.

 Merci et à bonne soirée.

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