Cet ouvrage restitue le rapport officiel de la Commission d’étude sur l’Intelligence Artificielle créée par le gouvernement d’Elisabeth Borne en septembre 2023. La Commission a été chargée de présenter des « propositions opérationnelles, réalistes et ambitieuses soutenues par une vision à long terme, globale et objectivée ».
L’IA est omniprésente dans le débat public, bien qu’elle ne soit pas nouvelle. Alan Turing, le mathématicien et cryptologue britannique considéré comme étant son initiateur, s’intéressait déjà en 1950 à la capacité d’une machine à imiter une conversation. Cependant l’I.A. générative apparue en 2022 constitue un tournant décisif de cette nouvelle technologie. Par une interface de dialogue écrit ou oral avec l’humain, la machine génère des contenus sous la forme de textes, d’images, de son, de vidéo ou de codes, ouvrant un champ des possibles automatisables. Cette révolution technologique, dont le potentiel de progression est considérable, affecte tous les domaines d’activité et tous les groupes sociaux.
Bien que l’Europe – et la France en particulier – aient de réels atouts en matière d’IA, elles semblent victimes d’un sentiment d’impuissance et de déclassement technologique, à l’inverse de la Chine et des Etats-Unis qui ont fait de l’IA le pilier de leur stratégie de puissance et le moteur de leur développement.
La « Commission Aghion – Bouverot » a identifié, détaillé et chiffré 25 recommandations regroupées dans six grandes lignes d’actions structurantes, considérées comme indispensables si l’Europe et la France veulent mener une politique de déploiement et de maitrise du potentiel de l’IA ; lancer immédiatement un plan de sensibilisation et de formation ; réorienter l’épargne vers l’innovation et créer un fonds « France & IA » ; faire de la France un pôle majeur de la puissance de calcul ; faciliter l’accès aux données personnelles dans le respect de la propriété intellectuelle, assumer le principe d’une exception IA dans la recherche publique et enfin promouvoir une gouvernance mondiale de l’IA.
Le plan proposé correspond à un engagement annuel d’environ 5 milliards d’euros pour les cinq années à venir, dont 45% mobilisés dans l’investissement technologique et industriel et 35% dans la diffusion de l’I. dans l’économie. Cela constitue une augmentation d’environ 0,3% des dépenses publiques, sachant que le coût de l’inaction serait beaucoup plus élevé et ferait prendre un risque de déclassement historique pour la France.
Philippe Aghion est professeur au Collège de France, à l’INSEAD et à la London School of Economics. Anne Bouverot préside le conseil d’administration de l’ENS et a cofondé Abeona qui œuvre pour le développement d’une I.A. responsable.
Chronique de Ph ALEZARD