Voilà un ouvrage très intéressant qui réussit le tour de force d’aborder un sujet essentiel et complexe de manière pédagogique et simple pour stimuler la réflexion du lecteur; après avoir rappelé le caractère incontournable de la réduction de l’empreinte carbone si l’on veut contrôler les évolutions climatiques, l’auteur nous démontre la complexité du problème. Celle-ci recouvre des problèmes de mesure de la consommation réelle de carbone par une entité donnée ; Par exemple, comment évaluer l’impact des décisions d’une entreprise impactant le bilan carbone de ses sous-traitants ? A contrario, Qui doit porter la charge ou le bénéfice carbone d’un changement de spécifications, à l’initiative d’un sous -traitant. La complexité du problème tient également au recueil des données nécessaires à la mesure de la consommation de carbone qui recouvre un domaine vaste et varié comme la consommation de papier et son lien avec la déforestation, les voyages d’affaires en avion,… la liste serait longue si l’on voulait être exhaustif. Face à cette complexité, quelles actions concrètes peuvent-elles être menées ? Là, également, l’auteur met en avant la difficulté de mesurer le « ROI » d’un investissement donné en allègement du bilan carbone. Un investissement en transition énergétique vers l’électricité peut rater sa cible, si une surconsommation débouche sur la réactivation de centrales tournant au charbon. Des expériences de réduction de la consommation énergétique d’une population font ressortir, dans plusieurs cas, une augmentation de la consommation d’énergie, contrairement à l’objectif recherché. L’explication en est que les gains en efficience énergétique peuvent être contrebalancés par un surcroit de consommation, les prix restant stables.
La conclusion générale de l’auteur est que la bataille ne se gagnera pas par des actions isolées au sein des « petites » nations et qu’elle exige une multitude d’actions cadrées dans un schéma géopolitique global débouchant sur une révision en profondeur, des modèles d’affaires, des comportements et des habitudes.
Note de Denis MOLHO