DAGORRET Guillaume et DE VESINNE-LARÜE Thibault. L’esprit ludique du capitalisme, CLIMATS, 216 pages

Dans cet ouvrage, Guillaume DAGORRET Guillaume et Thibault DE VESINNE-LARÜE s’attaquent au fondement du capitalisme et son avenir. L’essai aborde le sujet sous un angle très original, à travers le jeu, et spécifiquement à travers le jeu vidéo. Sous un aspect ludique, les auteurs nous invitent à une réflexion profonde afin de trouver une réponse à la question : le capitalisme a-t-il encore un avenir et peut-il répondre aux enjeux économiques, environnementaux et société dans le monde du XXIème siècle.

Afin de comprendre le lien pouvant être opéré entre le jeu vidéo et le capitalisme, les auteurs s’attardent sur la définition du jeu, ce qui en fait son succès et génère son addiction.

Ce qui définit le jeu, ou le « game », est la conjonction du « core » et du « meta », notions qui seront le fil conducteur sur l’ensemble de l’essai. Le « Core » désigne un ensemble d’actions élémentaires qu’un joueur répète inlassablement. Il est essentiellement une boucle itérative d’actions simples. Le « Meta » désigne le système d’incitations qui pousse le joueur à répéter les actions de base du « Core » inlassablement.

Le débat posé, les visions opposées s’entrechoquent. Pour certains, le capitalisme ne peut pas être un jeu ; dans le sens où il n’est pas un divertissement, un choix libre ou en dehors de la réalité.

Pour que le capitalisme soit un jeu, il doit répondre à la formule du « core » et du « meta ». Dans un monde capitaliste, les acteurs économiques s’échangent des biens et des services en continu : c’est le « core ». Le « meta » est matérialisé, quant à lui, par l’objectif de générer toujours du profit.

En poursuivant cette réflexion, on comprend que c’est la baisse de la croissance économique qui peut entraver le fonctionnement du capitalisme. Celui-ci pourrait disparaître aussi vite qu’un jeu dès lors qu’il n’y a pas plus de progression des acteurs économiques ou d’accumulation de richesses.

Depuis plusieurs décennies, les gains de productivité ralentissent dans les pays développés du fait de l’évolution des économies : ils sont plus difficiles à réaliser dans le secteur des services, l’innovation est à la traîne, la consommation des ménages est elle aussi en berne, le vieillissement de la population pose des questions du financement du social, etc…

Dans la continuité de ces constats, le capitalisme pourrait s’effondrer en raison des inégalités sociales ou du réchauffement climatique : « le capitalisme se meurt d’un défaut et non d’un excès de croissance »

Les auteurs proposent ensuite 3 scénarios envisageables pour l’avenir du capitalisme :

  1. Le capitalisme pourrait retrouver sa vitalité d’autrefois grâce à une croissance dynamique et durable.  Des espoirs se portent par exemple sur le développement de l’IA. Des gains de productivité pourrait égaler ceux générés lors des précédentes révolutions industrielles : en automatisant des tâches complexes, répétitives et accélérant la prise de décision.
  2. La renaissance des anciens jeux : dans cette partie, les auteurs associent la guerre à un jeu.  Ce parallèle peut sembler loufoque mais quand on y regarde de plus près ils démontrent que la guerre respecte les règles du jeu : le « core » est la répétition de la destruction humaine et matériel ; le « meta » est la conquête des territoires.
  3. L’apparition de nouveaux jeux tel que le jeu de la renommée avec le développement des réseaux sociaux : c’est la répétition de publications de photos, vidéos, … dans un objectif d’obtenir toujours plus de « likes ». Cette accumulation est devenu le « nouveau produit intérieur brut » des influenceurs. 

Cet essai est une invitation à changer de regard sur le capitalisme ; au travers de la métaphore du « jeu ». Chacun pourra forger son opinion à la lecture de cet essai : ce qui est évident et naturel pour certains, peut aussi être absurde et insensé pour d’autres.

Guillaume DAGORRET est diplômé de HEC Paris, où il enseigne. Il est directeur de projet dans un cabinet de conseil international. Thibault de Vésinne-Larüe est vice-président et responsable de la production de jeux chez Voodoo, leader mondial de l’industrie du jeu vidéo mobile. Il est diplômé de Centrale Paris.

Note réalisée par Sophie Friot

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