Eds L’Harmattan, 2024, 194 pages.
L’auteur s’efforce de montrer que les systèmes financiers internationaux sont toujours exposés à une crise systémique 15 années après celle de 2007-2010. Il souligne le rôle essentiel exercé sur l’économie productive par les marchés financiers primaire, secondaire et « fictif » des produits dérivés et structurés, dont il analyse les principaux produits. Il estime que le montant des transactions sur ces derniers marchés s’élève anormalement à 7 fois le PIB mondial et à 6 fois la capitalisation boursière consolidée. Il rappelle les principes des principales théories monétaires : classique, marxiste, keynésienne, friedmanienne, post- keynésienne. Puis il se livre à une analyse critique du rôle des banques centrales et de l’impact du quantitative easing sur les marchés de produits dérivés.
Jean-Pierre Rosello montre, à l’aide de simulations statistiques, l’importance croissante du « capital fictif » engendré par la préférence des investisseurs pour la liquidité et la spéculation. Il observe une concentration des marchés de produits dérivés et un développement des comportements mimétiques entre leurs acteurs. Selon lui, ces pratiques résultent notamment des nouveaux modes d’évaluation des entreprises se finançant par du capital-risque et sur les nouveaux marchés. Il incrimine également certaines avancées de l’ingénierie financière (création de SPAC, rachats d’actions, dividendes majorés…). Il constate les mêmes dérives sur les marchés de matières premières (CBOT, LME, NYMEX…). Il émet des doutes sur l’efficience des réglementations bancaires de Bâle III et assurancielles de Solvency 1 et 2, pour contenir une nouvelle crise systémique qu’il juge inévitable.
En conclusion, l’auteur avance plusieurs propositions de réforme des systèmes monétaire et financier. Il propose d’interdire ou de surtaxer les activités financières les plus spéculatives, de supprimer les CDS (Credit Default Swaps), qu’il juge inutiles en raison du rôle accru exercé par les agences de notation, de confier la régulation de ces dernières aux banques centrales, de mieux encadrer la titrisation des créances bancaires, de réduire les effets de levier de certains produits dérivés, d’encadrer la fiscalité des transactions sur les marchés primaires et secondaires, et d’appliquer une nouvelle « taxe Tobin » sur les « marchés fictifs ».
L’auteur fait preuve, sur un sujet particulièrement technique, de grandes qualités pédagogiques par des rappels historiques, des simulations et un style rigoureux.
M. Jean-Pierre Rosello est directeur des marchés de l’économie publique de la Société Générale.
Chroniques rédigées par J-J.Pluchart