Dans son dernier livre, Jean-Marc Daniel (prix Turgot 2012) plaide en faveur d’un passage du keynésianisme au « quesnaysianisme ». L’auteur s’efforce de réhabiliter la théorie physiocratique inspirée par Cantillon et développée au 18e siècle par Quesnay, Dupont de Nemours et Turgot. Il en rappelle les principes scientifiques fondés sur le travail, qui doit « respecter l’ordre naturel sans impliquer un culte de la nature ni une révérence artificielle à son égard ». Jean-Marc Daniel qualifie la forme actuelle de ce culte de « pagano-gauchisme ». L’ordre naturel repose sur le travail de la terre, mais aussi sur le droit à la propriété, la concurrence entre les producteurs, la libre circulation des richesses (le « laisser faire, laisser passer ») et la neutralité de la monnaie. Les physiocrates soutiennent que « la force de l’agriculture, c’est qu’elle convertit le soleil en produits de consommation courante ».
Jean-Marc Daniel analyse le rôle exercé par Turgot en qualité de contrôleur général des finances de Louis XVI et d’inspirateur d’Adam Smith, puis il retrace les débats qui ont opposé les économistes les plus illustres sur les principes physiocratiques. Le livre montre que ces derniers conservent aujourd’hui toute leur validité et constitue une clé aux problèmes soulevés par le réchauffement climatique et la pollution de la nature. Comme les physiocrates, il affiche sa préférence pour les « passifs-matérialistes », défenseurs de l’économie de marché, contre les « actifs-idéalistes », partisans d’une décroissance malthusienne ou d’un Etat keynésien portant atteinte à la concurrence et à la propriété.
L’auteur soutient les propositions en faveur d’une écologie libérale, formulées notamment par Christian Gollier (prix Turgot 2019) et appelle à un « renouveau physiocratique ».
Jean-Marc Daniel, professeur émérite à l’ESCP BS, témoigne à nouveau dans ce livre de sa vaste culture historique et contemporaine, ainsi que de sa maitrise d’un style à la fois vivant et pédagogique.
Chronique rédigée par JJ PLUCHART