Dans la grande bibliothèque historique de la pensée économique, l’ouvrage de Jean-Marc Daniel mérite l’attention des citoyens avisés . Sous sa plume « à la fois érudite et humaine », les idées économiques prennent vie, les auteurs s’interpellent, les théories s’affrontent, l’actualité fait écho au passé.
L’architecture de l’ouvrage est à la fois classique – elle respecte la chronologie des écoles de pensée – et savante. De courtes biographies des pionniers, des synthèses pénétrantes de leurs travaux, des citations représentatives de leurs œuvres, des réponses aux grandes énigmes économiques de l’histoire viennent constamment relancer l’attention du lecteur, tandis que des tableaux synoptiques lui évitent de s’égarer.
L’érudition de l’auteur est ainsi servie par un double sens de la formule et de la synthèse. L’ouvrage met en lumière le paradoxe de la fertilité et de l’impuissance des économistes. En conclusion, l’auteur relance courageusement le débat sur la crédibilité de la science économique. Il disserte sur l’incapacité des économistes à prédire les crises et souligne la dispersion à la fois des courants, des terrains et des perceptions des comportements économiques. Jean-Marc Daniel rejoint ainsi Schumpeter, qui contestait l’utilité des écoles de pensée économique et soulignait l’importance du croisement des disciplines. Le lecteur – ainsi devenu Homo economicus – ne manquera toutefois pas de se demander pourquoi l’auteur cite Ostrom mais ignore Williamson, prix Nobel d’économie de l’année 2009.
Chronique rédigée par J-L CHAMBON