Antoine Armand ouvre son ouvrage en affirmant que la France, autrefois leader en matière énergétique, fait face aujourd’hui à un « mur » difficilement surmontable. Dès l’introduction, il souligne que cette crise, bien qu’imposante, est le résultat de trois décennies de choix politiques marqués par le court-termisme et le manque de vision stratégique.
Loin de se limiter à une critique, Le Mur énergétique français propose une analyse approfondie des décisions politiques ayant conduit à cet état de fait, notamment en matière de gestion du parc nucléaire et de la transition énergétique. Armand structure son propos en trois parties principales : un diagnostic de la situation actuelle, une critique des erreurs politiques passées, et des suggestions pour un avenir énergétique durable.
Il y détaille comment des décisions prises sous la pression des échéances électorales ont conduit à un sous-investissement dans les infrastructures énergétiques et à un retard significatif dans le développement des énergies renouvelables. Ce manque de continuité dans la politique énergétique a non seulement affaibli la position de la France, mais a également freiné la transition écologique nécessaire.
Dans sa dernière partie, Armand propose des réformes ambitieuses, telles que la modernisation du parc nucléaire et une révision en profondeur de la gouvernance énergétique. Cependant, si ces propositions sont intéressantes, certains lecteurs pourraient les juger trop théoriques et manquer de détails pratiques quant à leur mise en œuvre.
En conclusion, Le Mur énergétique français est un ouvrage indispensable pour comprendre les enjeux énergétiques actuels en France. Antoine Armand y apporte un éclairage précieux, en appelant à une action urgente pour éviter une crise énergétique majeure.
Chronique rédigée par Benoît Frayer
Antoine Armand a été nommé par l’Assemblée Nationale rapporteur de la commission d’enquête sur la perte de la souveraineté énergétique de la France. Le sujet est si politique et concerne tant nos vies quotidiennes qu’il fallait que cette enquête soit accessible au grand public. La France pouvait afficher une réussite économique et industrielle : son système de production de l’électricité.
Ce livre – reflet du rapport adopté par la commission d’enquête – nous permet de comprendre ce qui s’est réellement passé. Il y a beaucoup de responsables politiques à droite par flottement, à gauche principalement les écologistes par aveuglement. Au fil des interviews deux discours ont traversé ces trois décennies : un discours antinucléaire porté par le parti écologiste dont les fondations idéologiques inspirées des verts allemands reposent sur la lutte antinucléaire et un discours de renoncement selon lequel la France ne peut pas se réindustrialiser. Nous sommes passé d’un parc nucléaire neuf à un retard considérable dans notre capacité à assumer la transition écologique.
Les lecteurs resteront abasourdis par la désinvolture avec laquelle des dirigeants politiques et économiques ont géré notre avenir énergétique. La force et le grand intérêt de ce livre nous permet de comprendre ce qui s’est réellement passé.
Ce rapport liste les six erreurs de notre politique énergétique :
- Prévisions énergétiques : avoir sous-estimé nos besoins d’électricité.
- Avoir opposé les énergies renouvelables électriques et le nucléaire dans une loi sans étude d’impact et sans fondement industriel.
- Parc nucléaire : ne pas avoir anticipé la prolongation et le renouvellement des centrales nucléaires.
- Énergies renouvelables :ne pas avoir construit plus vite des filières industrielles.
- Marché européen : avoir laissé se construire un cadre qui a fragilisé le modèle énergétique français.
- Recherche : avoir fermé Superphénix et ne pas avoir assuré le développement de la recherche sur la quatrième génération.
L’Energie a été trop longtemps considérée comme un bien de consommation forcément abondant. Cela ne sera jamais un bien comme les autres aussi la commission a formulé des propositions : porter une loi de souveraineté énergétique et écologique, aligner nos moyens sur notre ambition industrielle, refondre le cadre européen, accélérer vers la sobriété et l’efficacité énergétique, développer davantage les énergies renouvelables thermiques et viser la souveraineté électrique.
Chronique rédigée par Michel Gabet