Le sous-titre du livre est : l’économie de la décroissance. Ceci donne le ton pour l’ensemble de la matière de ce livre.
Pour l’auteur, la croissance économique ne fait que profiter aux plus riches : il n’y a qu’à voir la persistance du nombre des gens pauvres. Les inégalités creusent des fossés significatifs par rapport aux plus démunis. De plus, les gens aisés sont à l’origine des pollutions les plus importantes.
Une phrase de l’auteur résume bien son propos : « la décroissance, comme une réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique planifiée démocratiquement dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être »
N’y-a-t-il que le PIB qui soit important ? Ce n’est ni plus ni moins qu’une « agitation économique » qui ne tient pas compte d’autres facteurs tel que le bien-être humain ou le bonheur. Le bien-être n’est pas forcément relié à l’évolution du PIB. Il faut sortir de cette « tyrannie » du PIB.
Actuellement, la marche forcée pour améliorer la productivité du travail afin d’augmenter la croissance, c’est un but qu’il faut sans cesse essayer d’atteindre, au détriment des nuisances environnementales sur les écosystèmes.
La croissance économique réduirait les inégalités ? Ce n’est pas exact. Tout dépend de la répartition de cette croissance entre les salaires et les revenus du capital.
Que proposent les défenseurs de la décroissance ? C’est un virage vers une décroissance soutenable, qui conduirait à une société harmonieuse. C’est ralentir les flux économiques et se tourner vers des modes de vie plus sobres et frugaux. C’est l’état qui serait le pilote de cette démarche, avec les représentants du peuple. Le but consisterait à respecter la justice sociale en apportant du bien-être, tout en respectant les équilibres des écosystèmes.
Tout gain de productivité serait orienté vers le bien-être des travailleurs : par exemple, par une réduction du temps de travail.
Autant dire que cette théorie de la décroissance génère beaucoup de critiques sur son réalisme et sur la façon d’y arriver.
En effet, qu’arriverait-il à un pays qui adopterait cette nouvelle manière de vivre, dans un environnement mondialisé ? Ne risquerait-il pas de se trouver marginalisé, avec des conséquences désastreuses pour sa situation économique : fuite des capitaux et équilibres économiques bouleversés ?
A chacun de faire son opinion, en découvrant ce livre bien documenté et clair.
Timothée Parrique est chercheur en économie écologique à l’Université de Lund, en Suède.
(chronique de Renzo Borsato)