Jacques Attali, économiste et écrivain, ouvre son livre par une affirmation bien trempée « On ne le dira jamais assez : la science économique n’est pas le mode d’emploi du monde ». Il affirme qu’il est parfois préférable de s’en remettre au « bon sens ». Des proverbes, comme « un tien vaut mieux que deux tu l’auras » sont tout aussi utiles. L’auteur se propose donc de nous « dévoiler le mode d’emploi du monde ».
Pour l’auteur, tout nous est enseigné par l’histoire, d’où sa grande exploration du domaine historique. On part de très loin, puisqu’il évoque des situations remontant à 200 000 ans ! C’est plutôt du story telling historique, mais cela permet de rêver un peu. L’auteur introduit deux notions importantes : la forme, ce sont les territoires de la planète soumis à une même loi du monde ; le cœur, c’est le centre de commandement de la forme.
L’analyse consiste à croiser les commandements et les territoires. Neuf sont étudiés ; on releve que trois des neuf cœurs se situent aux Etats-Unis. Le premier concerne Bruges de 1250 à 1348. Après l’analyse de l’histoire, l’auteur nous ramène au présent, en 2023. C’est une partie très touffue chargée de statistiques. On a l’impression de subir une avalanche de chiffres dans tous les domaines. Un logiciel type ChatGPT aurait pu faciliter l’extraction de ces documents chiffrés. Le tableau est assez sombre et analyse les diverses crises que nous traversons : la crise climatique, les guerres et leurs menaces nucléaires. La rivalité Etats-Unis/Chine est largement documentée…
Comment allons-nous aborder l’étape vers 2050 ? Ce qui nous menace, c’est l’économie de la mort : la production d’énergies fossiles, l’alimentation carnée, la pratique excessive des réseaux sociaux et des jeux vidéos.
L’auteur nous encourage à faire des prévisions. Dans son livre de 2015 « Peut-on prévoir l’avenir ? » (Fayard), il décrivait la démarche qui consistait à prendre une feuille blanche, à prévoir sa journée, puis de continuer en élargissant les horizons. Cette méthode concernait également les Etats, pour les prévisions stratégiques. « La prévision est le meilleur allié de la liberté » concluait-il.
Où se situera le cœur en 2050 ? Aux Etats-Unis? Peut-être pas, car ce ne sera plus une superpuissance. En Chine ? Elle devra maîtriser sa démographie déclinante et résoudre son problème écologique. En Inde ? Ce n’est pas impossible.
En conclusion, l’auteur laisse entrevoir une situation meilleure, si chacun d’entre nous se pose les questions essentielles pour une vie sociale équilibrée. Le respect des libertés individuelles passe aussi par une remise en cause des comportements qui nuisent à notre environnement. Peut-être une lueur d’espoir pour les générations futures…
(chronique de Renzo Borsato)