La question posée dans le titre est prolongée par une autre interrogation d’Emmanuel KANT : que peut-on espérer ? Le titre de l’ouvrage aurait pu intégrer ces deux propos au lieu de celui qui a été retenu, tant l’ouvrage insiste sur les incertitudes et la nécessité d’un volontarisme forcené de la France et dans l’Europe, si l’on ne veut pas que la France en 2050 ne soit pas reléguée en deuxième division. L’optimisme, pourtant pas si fréquent chez les auteurs, est présent si la volonté est là : « possim si vellim ».
Il s’agit pour les Français de relever six défis : le vieillissement démographique, la fragmentation du monde, la transition énergétique, le réarmement industriel, la bataille de l’épargne, le passage d’une économie d’abondance à une économie de rareté ; et d’envisager deux axes d’intervention : mettre en œuvre des politiques susceptibles d’extirper les économies du piège de la croissance faible et repenser en profondeur la politique économique (monétaire et budgétaire) de l’Union européenne afin d’accompagner le « réarmement » économique et d’échapper à un déclassement annoncé !
Le détail des recommandations ne manqueront pas de susciter des discussions.
Face aux handicaps structurels de l’Europe et de France tels qu’une faiblesse des gains de productivité et baisse démographique plus marquée au sein des personnes en âge de travailler que dans le reste de la population, les auteurs affirment la nécessité d’une immigration « assez » forte pour combler les emplois qualifiés ET non qualifiés. P ARTUS ne distingue pas le niveau de compétences, et affirme que les frontières doivent être ouvertes. Ensuite, en faisant en sorte que l’épargne des Européens soit investie sur notre territoire afin de financer les investissements supplémentaires indispensables à la transition énergétique, à la préservation de la biodiversité et à l’amélioration de la gestion de l’eau.
Bien sûr, les pays européens n’ont pas tous une balance commerciale positive, ce qui revient à admettre que les pays ayant un excédent d’épargne acceptent de prêter aux autres. Rien d’évident à cela et sans volonté politique, il n’y aura pas de chemin !
Un élément de conviction est que plus la France et l’Europe auront réussi leurs transitions écologiques et énergétiques, plus elles auront rattrapé voire dépassé les frontières technologiques américaines et chinoises.
Toute la réponse à la question posée en titre réside dans la gestion et la maitrise de la période de transition par la France et l’Europe tout en réussissant à surmonter (et non pas résoudre car le « réarmement démographique ne se décrète pas…) les handicaps structurels. Ce qui implique une révision drastique de la philosophie originelle de la politique économique européenne en acceptant une politique budgétaire moins restrictive, ainsi qu’une politique monétaire qui permette un supplément d’endettement public et privé, c’est-à-dire caractérisé par des taux d’intérêt réels à long terme inférieurs au taux de croissance.
L’ouvrage est structuré en neuf chapitres regroupant des textes courts et convaincants. Les thèmes traités vont du « En 2050, l’Amérique de plus en plus prospère, l’Europe de plus en plus pauvre », pour poser les sujet ( !) à l’obligation de mettre en œuvre « une politique plutôt disruptive que morte » en passant par « au temps pas béni du papy boom » et « quand l’industrie redevient un objet de désir.
Thèse convaincante en intégrant la pensée du Philosophe Alain : l’optimisme est de volonté ».
Chronique rédigée par Dominique CHESNEAU