En 2022, les pays développés ont fourni et mobilisé 115.9 milliards USD pour financer l’action climatique des pays en développement. Ce faisant, ils ont pour la première fois dépassé l’objectif annuel de 100 milliards USD et déjà atteint le niveau escompté pour 2025.
D’après les nouveaux chiffres de l’OCDE, le montant des fonds consacrés à la lutte contre le changement climatique a augmenté de 26.3 milliards USD (soit +30 %) entre 2021 et 2022. Il s’agit de la plus forte hausse en glissement annuel jamais enregistrée à ce jour. Bien que l’objectif des 100 milliards USD ait été finalement atteint deux ans après l’échéance initiale de 2020, la barre franchie l’a été un an plus tôt que précédemment prévu par l’OCDE.
Le rapport Financement climatique fourni et mobilisé par les pays développés en 2013-2022 contient la septième évaluation du chemin parcouru vers l’objectif, défini en 2009 au titre de la CCNUCC, de mobiliser 100 milliards USD par an à l’horizon 2020 – l’engagement a ultérieurement été repoussé à 2025 – afin d’aider les pays en développement à s’adapter au changement climatique et à en atténuer les effets. Sa publication coïncide avec les discussions engagées dans le cadre de la CCNUCC en vue de fixer un nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique après 2025, en tenant compte des besoins et des priorités des pays en développement ainsi que du paysage économique mondial en évolution.
« C’est une bonne chose que les pays développés soient allés au-delà de l’objectif de 100 milliards USD en 2022. En dépassant de plus de 15 % leur engagement annuel, ils ont réalisé quelque chose d’important et de symbolique, qui compense en partie le retard de deux ans qu’ils avaient pris. Cela devrait aider à instaurer la confiance. Nous encourageons les pays développés à poursuivre sur leur lancée, ainsi qu’à mettre à profit toute action prise pour doper le financement climatique d’origine privée », a déclaré le Secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann. « Il importe de tenir ce niveau élevé de soutien jusqu’en 2025 inclus, tout en revoyant les ambitions à la hausse pour le nouvel objectif post-2025. L’intervention des bailleurs de fonds multilatéraux et du secteur privé sera essentielle pour continuer de réduire le déficit d’investissement, en particulier dans des domaines comme les énergies propres, l’agriculture et la résilience. Il faut qu’au-delà de 2025, la portée et la composition du nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique le rendent plus détaillé et plus efficace que le précédent, autrement dit qu’il définisse de façon optimale les rôles des différents acteurs, les sources de financement et les incitations des pouvoirs publics nécessaires pour répondre à l’ampleur et à la diversité des besoins de financement liés au climat. »
Un autre rapport que l’OCDE publie cette semaine montre combien il est nécessaire que le nouvel objectif chiffré collectif pour le financement de l’action climatique fasse transparaître et favorise les contributions d’un large éventail de sources au regard de l’ampleur des investissements nécessaires pour atteindre les buts énoncés dans l’Accord de Paris. L’analyse porte sur la façon d’intégrer dans le nouvel objectif des éléments en lien avec les interventions des pouvoirs publics qui contribuent directement soit à financer l’action climatique, soit à mobiliser des fonds d’origine privée. Y sont également passés en revue les moyens envisageables de prendre en considération des éléments liés à la qualité du financement ainsi que les principaux problèmes auxquels les pays en développement sont confrontés, concernant par exemple l’accès au financement et la soutenabilité de leur dette.
Il ressort des données de 2022 sur le financement de l’action climatique qu’il reste très majoritairement constitué de fonds de sources publiques, bilatérales et multilatérales confondues (80 % du total). Au cours de la période considérée, c’est le montant des fonds publics de sources multilatérales qui a le plus fortement augmenté : de 35 milliards USD (+226 %) par rapport à 2013. En 2022, parallèlement à la progression des financements publics, le montant des fonds mobilisés par le secteur privé, en stagnation depuis plusieurs années, a bondi de 52 % (+7.5 milliards USD) pour atteindre 21.9 milliards USD.
Les chiffres révèlent en outre un décollage des fonds alloués au volet adaptation de l’action climatique. Après avoir légèrement fléchi en 2021, leur montant s’est élevé à 32.4 milliards USD en 2022, ce qui est trois fois plus qu’en 2016. L’OCDE a pu établir que 18.8 milliards USD de fonds publics avaient été affectés à l’adaptation en 2019, et 20.3 milliards USD en comptant les fonds mobilisés par des sources privées. D’après ces chiffres, en 2022, les pays développés étaient à peu près à mi-chemin du but fixé dans le Pacte de Glasgow pour le climat en 2019, à savoir doubler le financement de l’adaptation à l’horizon 2025.
Comme les années précédentes, cette nouvelle évaluation de l’OCDE fournira des indications précieuses sur les instruments financiers employés ainsi que sur la répartition géographique des financements climatiques. Il en ressort que les prêts continuent de représenter l’essentiel du financement climatique d’origine publique et qu’ils émanent le plus souvent des banques multilatérales de développement, lesquelles financent généralement les grands projets d’infrastructure. Les pays à faible revenu sont néanmoins les destinataires prioritaires des aides. La situation est plus équilibrée dans le cas des fonds multilatéraux et des bailleurs de fonds multilatéraux, car l’éventail des activités et des projets est plus vaste et plus diversifié. Entre 2016 et 2022, le montant des aides a augmenté de 13.4 milliards USD (ce qui représente une hausse de 109 % et signifie qu’il a plus que doublé), et celui des prêts publics de 30.3 milliards USD (+91 %).
En 2022, la part des financements climatiques destinés aux pays à faible revenu est restée relativement faible (10 %). Un fait important à souligner, néanmoins, est que les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID) ont, proportionnellement, davantage bénéficié des fonds destinés à l’adaptation (environ 50 %) que les pays en développement considérés dans leur ensemble (25 % en moyenne). Le montant des fonds d’origine privée mobilisés en faveur des PMA et des PEID a cependant été très limité, ce qui montre bien la nécessité de moduler le soutien international de façon à aider les pays à venir à bout des difficultés qu’ils éprouvent à attirer l’investissement privé dans l’action climatique.
L’OCDE continuera de suivre la réalisation de l’objectif de fournir et de mobiliser 100 milliards USD jusqu’en 2025 inclus, en attendant les conclusions de la COP29, qui se tiendra à Bakou ; ce faisant, elle contribuera aux efforts déployés à l’échelle internationale pour concrétiser le nouvel objectif chiffré collectif.