Alors que s’affrontent les blocs géopolitiques des Etats- Unis, de l’Europe,de la Chine et du « Sud global », les auteurs s’interrogent sur les nouvelles formes souhaitables de l’action collective à l’échelle planétaire. Ils constatent que dans la plupart des domaines, la gouvernance mondiale est incomplète voire inexistante. Après une triple analyse – respectivement juridique, économique et géopolitique – afin d’identifier les contraintes qui pèsent sur l’ordre international, les auteurs formulent des recommandations afin de le rendre plus efficient. Ils distinguent neuf domaines relevant du bien commun, qui exigent une nouvelle coopération internationale : la santé publique, le climat, l’économie numérique, le commerce international, la macro-finance (internationale), les migrations, la concurrence internationale, la régulation des banques et la fiscalité. L’efficience de la coopération implique de maîtriser six facteurs dans chaque domaine : l’identification commune du problème, la source d’expertise partagée, un consensus sur les principes d’action, des mécanismes de reporting transparents, une évaluation des résultats et une adaptation des instruments, la mise en place d’institutions de confiance.
Les auteurs constatent que ces facteurs sont dans l’ensemble réunis dans le domaine de la régulation bancaire, mais qu’à l’inverse, la coopération est insuffisamment – voire pas – organisée dans les domaines du numérique et des migrations. Dans les autres domaines, les phases amont sont plutôt avancées, mais elles sont encore faiblement régulées en aval des processus. Ils tirent trois enseignements de leurs constats. Le premier est que le système multilatéral fondé sur des règles ne couvre qu’une partie de l’interdépendance mondiale .Le second est que chacune des trois grilles de lecture (juridique, économique et géopolitique) est à elle seule insuffisante à assurer la gouvernance d’un domaine. La troisième est que certaines avancées dans un domaine mériteraient d’être mieux analysées et étendues à d’autres domaines.
Les auteurs traitent une problématique ambitieuse, à la fois multidimensionnelle et évolutive. Leurs démonstrations sont servies par des références aux meilleures sources, et par un style clair et didactique.
George Papaconstantinou a été ministre des finances de la Grèce et Jean Pisani-Ferry est senior fellow à Brugel et au Peterson Institute for International Economics.
Chronique rédigée par J-J. Pluchart