Éditions Albin Michel, 2014, 400 pages.
L’ouvrage soulève un triple questionnement : quelles sont les conséquences – en matière de stabilité et de cyclicité – de l’accroissement de la liquidité des marchés des capitaux ? Quelles sont les transformations qu’il provoque sur la gouvernance des entreprises ? De quelle manière cette gouvernance influe-t-elle sur la dynamique du régime de croissance ? Les auteurs soutiennent que les crises à répétition (Enron, Worldcom, Qwest…) du capitalisme financier ne sont pas des incidents isolés, mais des dérives structurelles engendrées par les contradictions internes du système. Elles résultent d’un alignement du rendement d’équilibre des marchés sur le rendement marginal. Le postulat de la gouvernance – qualifiée de « non démocratique » – des entreprises par les actionnaires entraîne la mise en œuvre de stratégies à court terme et une instabilité des marchés, qui contribuent à démultiplier les risques. Il provoque un accroissement des inégalités économiques et sociales, et donc, des situations non viables dans la durée, qui condamnent à terme le capitalisme financier. Les auteurs prônent une avancée de la démocratie participative : l’épargne doit être resocialisée ; l’activité productive doit être gérée par un mode coopératif ; l’entreprise doit être dirigée comme une institution, par l’ensemble de ses parties prenantes. La sphère financière doit être alignée sur la sphère réelle de l’économie.
Michel Aglietta et Antoine Rebérioux analysent les modes de régulation du capitalisme financier, ce qui les conduit à s’interroger sur la nature de l’entreprise et sur son mode de gouvernance. Ils sont parmi les premiers à dénoncer un contrôle des grandes entreprises par les marchés boursiers.
Chronique rédigée par Jean-Jacques Pluchart