« Fabriquer de toutes pièces des mirco-organismes n’ayant jamais existé pour leur faire produire de l’essence, du plastique, ou absorber des marées noire ; donner un prix à la pollinisation, à la beauté d’un paysage ou à la séquestration du carbone en espérant que les mécanismes de marché permettront de les protéger ; transformer l’information génétique de tous les êtres vivants en ressources productives et marchandes ; telles sont quelques unes des « solutions » envisagées par le « Pacte vert européen » pour répondre tout à la fois à la crise climatique, au déclin de la biodiversité et à la dégradation de la planète. Sont- elles en mesure de préserver la planète ? »
Cette question énoncée dans la 4ème de couverture, porte en elle-même sa réponse ! L’auteur considère que l’exécutif européen (on ne dit rien de Chinois et des Américains !) vise à sauvegarder le modèle industriel qui est la cause de la situation actuelle et témoigne d’une volonté de maitrise de toutes les vies sur Terre et d’une foi dans les mécanismes de marché.
L’ouvrage vise donc à démontrer cette idée plutôt qu’à évaluer des hypothèses. Les chapitres sont structurés autour des thèmes suivants : la bio-économie, la contre-productivité des bio carburants, les semences augmentées, la dématérialisation de la nature, le capital naturel et les services écosystèmiques, avant de « démontrer » qu’il est impossible de faire confiance à la finance même verte.
Les thèmes sont abondamment documentés avec un certain nombre d’exemples qui seraient convaincants si l’on n’avait pas la sensation d’un procès à charge…. Aucun produit financier – correctement décrit- ne mérite considération aux yeux de l’auteur car « l’élite économique et financière, ceux là mêmes qui fustigent les salariés pour leur hésitation à assumer des risques et à entreprendre, sont bien timorés. Que d’argent et d’énergie dédiés à assurer et financer quelques entreprises contre des aléas opérationnels ! »
Alors que faire ? C’est l’objet du dernier chapitre : changer de cap, que peut on faire, que doit-on faire ?
Concernant l’agriculture, la complexité du système demanderait d’avoir une approche holistique avec les boucles d’actions, d’interactions et de rétroactions correspondantes, ce qui conduirait « à aplatir l’objet de l’étude ». Néanmoins, l’auteur se risque à « dire quelque chose de plus précis » que ce qui a été développé précédemment, selon les échelles micro-économiques, méso-économiques et macro-économiques.
Le retour à la terre et à la décroissance sont les clés. En effet, « les solutions de la Politique agricole commune et du Pacte vert, ne sont pas fondées sur une analyse factuelle de la situation mais elles sont idéologiques et politiques. La lutte pour généraliser l’agriculture paysanne doit donc elle aussi être idéologique et politique du niveau local au niveau international. Il est vital que cette résistance s’étende ».
Comme l’indique l’auteur, les chapitres du livre ont êté présentés lors de ses cours à l’Université Sorbonne Paris-Nord et dans de nombreux séminaires. Les contraintes de temps liées à cet exercice l’ont nécessairement empêché de présenter des réflexions et initiatives alternatives, le temps d’organiser la révolution mondiale !
Chronique rédigée par Dominique CHESNEAU
