Flammarion, 2024, 334 pages
Les auteurs proposent aux lecteurs un voyage dans le temps et ¨dans l’espace. Ils retracent les histoires du blé, du maïs et … du cardon bleu, tout en fustigeant au passage les aliments transformés, les élevages en batteries et les produits phytosanitaires. Ils déplorent l’oubli des origines, l’indifférence aux saisons, la perte du goût des aliments et surtout, le manque de reconnaissance des consommateurs envers leurs paysans nourriciers.
Ils relatent leurs voyages à travers le monde, notamment au Brésil, en Egypte et en Ukraine. Ils regrettent que la France ne soit pas autonome au plan alimentaire et doive importer de la viande, des céréales, des légumes et des fruits, ainsi que …des galettes bretonnes fabriquées en Chine et des lentilles du Puy semées au Canada.
Ils critiquent les théories de Ricardo sur les avantages comparatifs, mais vantent les pensées de Pascal et de Montaigne, du physiocrate Quesnay, mais aussi d’Edgar Morin, le théoricien de la complexité à laquelle sont confrontés les consommateurs d’aujourd’hui face au dilemme entre « valeur, prix et coûts ». Ils regrettant le recul de l’agriculture bio mais rappellent les propos d’Edgar Pisani, ministre gaulliste de l’agriculture, selon lequel « le marché doit malheureusement dicter sa loi ».
Simulant un dialogue avec Turgot dans les locaux de Bercy (sic), ils citent la fameuse formule (particulièrement d’actualité !) de sa lettre au roi Louis XVI datée du 27 aout 1774, « Point de banqueroute. Point d’augmentation d’impôt, Point d’emprunts ». Les auteurs nous révèlent que Turgot y fait aussi preuve d’un grand sens prémonitoire en ajoutant : « N’oubliez pas sire que c’est la faiblesse qui a mis la tête de Jacques 1er sur le billot ».
Erik ORSENNA est un académicien français et Julien DENORMANDIE est un ancien ministre de l’agriculture.
Chronique rédigée par J-J-Pluchart