Eds Les Liens qui Libèrent, 2024, 395 pages.
Les trois auteurs proposent de réformer le système monétaire actuel afin de « transformer la société ». S’appuyant sur les travaux d’André Orléans (Prix Turgot 2005) et de Michel Aglietta (Prix Turgot 2008), ils rappellent la double fonction économique et sociétale de la monnaie : elle « fait société » car elle repose sur la confiance, mais elle est aussi un objet de désir ; elle est à la fois un moyen et une fin. Après avoir retracé l’historique des systèmes monétaires et avoir rappelé les fondements du système actuel, ils constatent que dans les pays occidentaux, le mode de création monétaire repose principalement sur le crédit bancaire destiné à financer des investissements a priori rentables. Cette création monétaire dite « bancaire » dépend donc uniquement de projections appliquées à la production et la consommation. Mais depuis la crise de 2007-2008, la politique accommodante des banques centrales a alimenté la spéculation financière et immobilière. Plusieurs systèmes alternatifs ou dérogatoires ont été appliqués ou proposés avec des effets inégaux : émission de « monnaie hélicoptère » (crédits non ciblés), rachat d’obligations par la BCE, fixation de taux d’intérêt négatifs, plan Junker d’emprunt européen, annulation d’une partie de la dette publique portée par la BCE …
Selon les auteurs, la monnaie volontaire serait confiée à la « société civile» . Ils sont conscients que cette « bifurcation monétaire » les expose aux critiques de « monnaie magique » de la part des monétaristes orthodoxes. S‘ ils montrent bien la diversité des systèmes monétaires et le pouvoir à la fois économique et social de la monnaie, ils peinent toutefois à convaincre de la faisabilité d’un double système de création monétaire.
Chroniques rédigées par J-J.Pluchart
J.Couppey-Soubeyran est enseignante à l’Université Paris I. P. Delandre est cadre dans une banque centrale et A.Sersiron est un économiste