Dans son dernier livre, Pascal Blanqué s’invite dans la controverse qui oppose monétaristes et néo-keynésiens, relative à l’influence de la création monétaire sur l’activité économique. La parution de son ouvrage est d’autant plus opportune que, depuis la crise financière de 2007-2010, cette question fondamentale a été débattue par les keynésiens, partisans de faibles taux d’intérêt et d’une politique monétaire accommodante, et les friedmaniens, adeptes de taux élevés et de restrictions monétaires. Cette polémique est relancée par l’inflation actuelle des biens de production et de consommation.
L’ouvrage est organisé en trois parties et 14 essais qui peuvent être lus séparément. La première reprend notamment les observations de son livre précédent (Ten weeks into covid-19 ), qui a reçu le prix spécial Turgot en 2022, portant sur les approches psychologiques (perception du temps, capacités de mémorisation et d’oubli) de la liquidité des marchés monétaire et financier. La seconde partie analyse les fonctions exercées par la liquidité, la notion de liquidité optimale et la question du paradoxe de la liquidité. La troisième réinterroge la relation entre la liquidité et la valeur des actifs physiques et financiers aux différentes phases d’un cycle économique.
Cette construction s’explique notamment par le parcours intellectuel en quatre étapes suivi par l’auteur depuis la crise de 2007-2008. Dans la première, il s’interroge sur la notion même de liquidité et critique l’équation fondamentale de la théorie quantitative de la monnaie (MV=PT), posée il y a un siècle par Irving Fisher, selon laquelle, en situation de plein emploi, la quantité de monnaie conjuguée à sa vitesse de circulation, équilibre les montants des transactions de biens et services. Pascal Blanqué montre notamment que la création et la circulation de la monnaie sont dominées par l’activité économique des Etats-Unis et des pays asiatiques. Dans une deuxième étape, il revisite le premier terme (MV) de l’équation, en introduisant la notion de temps psychologique, la vitesse de circulation étant anticipée et perçue différemment selon les acteurs, en fonction de leurs mémoires plus ou moins sélectives (« les banques centrales restent hantées par l’inflation ») , de leurs capacités d’oubli et/ou de leurs sensibilités. Dans la troisième phase, il critique le deuxième terme (PT) de l’équation, en revisitant la relation entre la valeur et le prix d’un bien ou d’un service matériel ou financier. Il reformule les notions d’inflation, de déflation et de stagflation, telles que définies par Friedman. Enfin, il analyse les effets sur la circulation monétaire, des variations des taux d’intérêt instantanés et à long terme. Il réinterprète les paradoxes de la liquidité et la notion d’optimum de la liquidité.
En qualité d’ex président d’Amundi Institute et d’ancien responsable des opérations du leader européen de la gestion d’actifs financiers, Pascal Blanqué met son expertise académique et son expérience des marchés, au service d’une nouvelle représentation des fonctions de la liquidité permettant de mieux expliquer les politiques monétaires engagées depuis 15 années par les banques centrales.
Chroniques rédigées par JJ PLUCHART