Après un ouvrage érudit sur le passé de la Russie et sa mise en perspective avec la guerre en Ukraine, Jean-François COLOSSIMO raconte l’histoire des anciens empires du XIXème siècle, tsariste, ottoman, perse, Ging, moghol qui semblaient à jamais disparus. En réalité, « ils n’avaient fait qu’hiberner, ils sont réapparus, radicalement transformés » ; et cela est bien la thèse de l’ouvrage qui explique comment a eu lieu cette réapparition, les conséquences pour l’Occident (l’ennemi) et les mesures que cet Occident devrait envisager pour se protéger contre cette « déferlante de haine »
« La guerre est déclarée » : tel est le titre du premier chapitre qui décrit comment « à la domestication des masses à l’intérieur, répond nécessairement la domination des peuples à l’extérieur. Qui dit empire entent prises et emprises exponentielles, agrandissement et asservissement illimités afin de sacraliser la guerre.
S’ensuivent des chapitres expliquant, selon la méthodologie usuelle de l’auteur, des revues historiques des empires expliquant le présent, leur européanisation non aboutie à partir du XVIII -ème siècle, leur occidentalisation artificielle au XIXème siècle, leur folle modernisation totalitaire au XXème siècle, leur autodestruction culturelle.
Le livre s’achève avec un long développement sur « Le grand réarmement » passant par un recours « aux anciennes croyances religieuses » pour redynamiser les systèmes « impériaux » oppressifs et répressifs. Après la seconde guerre mondiale, l’ancien monde est devenu bipolaire entre l’Est communiste et l’Ouest capitaliste
D’un côté, l’instauration du nouveau monde requiert de créer un culte rationnel, où l’humain se détache en tout du divin. De l’autre, la restauration de l’ancien monde requiert de créer un culte rationalisé où l’humain se plie en tout au divin.
Les Etats-Unis, sont soumis à des types de canevas proches de ceux des empires. L’Amérique est à elle-même sa religion. Le récit fondateur des Etats-Unis est celui d’une élection surnaturelle au bonheur. Les oppositions, contrairement à l’évaluation de première analyse, sont frontales.
Quand rapidement, écrit l’auteur « l’Occident est devenu le sobriquet impérial de Washington, « l’opprobre » qui pourrait n’être jetée que sur les Etats-Unis l’est en fait sur l’Occident ainsi devenu « ennemi mondial n°1 ».
Quelle est la situation de la France ? Celle d’une grande solitude ! Seule pour constituer une cible prioritaire pour les empires autoritaires afin de la dénigrer aux yeux « de cette fiction du Sud global ». Seule mais aussi l’unique pays de l’Union européenne à détenir la bombe. Il lui faut donc réarmer sa puissance, redéployer son influence en « démontrant qu’elle a toujours été plus que l’Occident.
Enfin l’auteur défend cette thèse selon laquelle, le vrai combat à mener n’est pas contre la désoccidentalisation, mais pour la démondialisation ».
Où l’on reconnait que la géopolitique rejoint les nouvelles attentes économiques de l’Occident.
Au fond, le Général de Gaulle l’avait affirmé : la politique de la France ne se fait pas à la Bourse. Un propos que Jean François COLOSSIMO nous invité à méditer à nouveau !
Chronique rédigée par Dominique Chesneau
