L’année 2022, avec ses deux évènements majeurs que sont la Guerre Russie-Ukraine, réveil d’une guerre froide entre les USA et la Chine ainsi que le XXème Congrès du parti communiste Chinois, actant la fin de la gestion collégiale au profit d’une gestion autocratique Néo-Lenino-Marxiste, marque la fin d’un cycle de trente ans, débuté en 1989 avec la chute du mur de Berlin. La période qui s’ouvre voit l’Économie de Guerre succéder à l’Économie de Paix, alimenté par un cocktail détonnant de quatre crises concomitantes : une crise énergétique, une crise démocratique et sociétale, une crise de l’endettement et une crise environnementale.
L’auteur perçoit d’ores et déjà les caractéristiques nouvelles de cette Économie de guerre : un déplacement de valeur de la demande à la production – celui qui contrôle son appareil productif est le maître – ; le remplacement de la confiance par la méfiance ; un arbitraire qui remplace le droit ; un rétablissement des frontières en remplacement du libre échange.
Une nouvelle manière de dessiner les relations commerciales ; l’approche transactionnelle tord le cou au respect des valeurs fondamentales – le triomphe de l’approche du « deal by deal », de l’opportunisme et les négociations ne se fondent plus uniquement sur les rapports de force, mais sur les rapports de dépendances. Nous allons donc vivre dans une planète du chaos. Il faut s’y préparer car nous assistons au mariage forcé de la géopolitique et de l’Économie si ces deux mondes veulent continuer à prospérer.
Après avoir ainsi défini son observation du monde, l’auteur s’applique à illustrer cette évolution par le rappel des évolutions récentes dans les domaines industriels, de celui des composants ou bien encore de l’IA mais également en analysant les décisions stratégiques de long terme des principaux acteurs mondiaux, pour qui la réussite s’apprécie aujourd’hui par la relation d’interdépendance mesurée par la balance commerciale et la balance des paiements courants et non plus par l’évolution du PNB.
Un nouvel ESG : « Energie, Sécurité, Guerre » s’ouvre donc et seuls résisteront, voire prospéreront, ceux qui sauront s’adapter à ses exigences. L’auteur conclue son ouvrage en analysant les impacts probables de cette « nouvelle néo-gouvernance » sur les grands flux économiques que sont l’Inflation, la dette, la stabilité monétaire et par conséquent sur l’évolution d’une nouvelle géopolitique des flux monétaires et de leurs affectations, en Chine, aux États-Unis d’Amérique et en Europe. Ceux qui parviendront à fusionner géopolitique et économie seront les grands gagnants de l’entrée en économie de guerre.
L’auteur, Ancien gérant de portefeuille chez Fidelity Investments à Londres et Boston, puis associé fondateur de KDA Capital, un fonds d’actions européennes long only jusqu’en 2010, David Baverez est installé à Hong Kong, et est actuellement investisseur et essayiste. Il est également chroniqueur pour L’Opinion et auteur de plusieurs ouvrages.
Chronique rédigée par K WANTZ O’ROURKE