Simon PORCHER, La fin de l’eau, Fayard, Mars 2024, 259 pages

Lors de la conférence globale sur l’eau de 2023, le Secrétaire général de l’ONU a déclaré « nous avons brisé le cycle de l’eau, détruit les écosystèmes et contaminé les eaux souterraines ».

Nous nous dirigeons vers une réduction des ressources en eau car les périodes de sècheresse intenses durcissent les sols et lors des pluies ultérieures l’eau ruisselle et n’est plus absorbée. Les conséquences sont catastrophiques, car le taux d’humidité du sol est trop faible pour que les nappes phréatiques se reconstituent. Cela aura des conséquences entre autres sur la production agricole dont les rendements seront en baisse et entrainera des conséquences sociales importantes. Le manque d’eau pourrait devenir l’objet principal des conflits car l’eau potable n’est pas une marchandise comme les autres et il n’est pas possible de la dépolitiser car sans eau, il n’y a pas de vie.

L’eau est l’affaire de tous, la pénurie concerne chacun d’entre nous.

Il est essentiel d’aborder la gestion de l’eau de manière globale en lien avec les écosystèmes, la biodiversité et le changement climatique car c’est un facteur de développement économique et humain. L’accès à l’eau doit dès aujourd’hui être une priorité, sinon l’adaptation au changement climatique ne sera pas possible.

La bonne gestion de l’eau n’est pas relative à sa propriété, mais est fonction de la capacité à créer une bonne gouvernance au niveau d’une communauté. Des mécanismes doivent être construits pour les grands groupes. Les solutions à adopter sont forcément locales. Des expériences de mise en place de droits d’usage existent déjà. Elles permettent de combiner le mécanisme du marché et l’intervention publique, la financiarisation de l’eau n’étant pas la solution.

Il faut réinventer le modèle économique de l’eau pour limiter le gaspillage et préserver la qualité de la ressource. Cela passe par une meilleure lisibilité du prix, la réutilisation des eaux usées traitées, le dessalement de l’eau de mer, la collecte des eaux de pluie ainsi que la collecte de l’eau des brouillards dans les zones arides, la rémunération de la sobriété des consommateurs et des producteurs ainsi qu’une meilleure application du principe pollueur-payeur.

Fiche de lecture réalisée par Michel GABET


Evidemment, on ne peut que relever le paradoxe entre cette période de pluies incessantes, cause de fortes inondations dans l’ensemble de nos régions et l’urgence d’une réponse internationale à une crise de l’eau.

Pourtant, près de trois milliards d’habitants subissent les conséquences d’un assèchement étroitement lié au changement climatique et la menace d’une perte de 8% du PIB dans les pays du monde entier d’ici à 2050. La crise à venir est des plus alarmantes.

Quelle meilleure illustration que cet ouvrage de la « tragédie des communs », ce concept dû au biologiste Garret Hardin qui met en évidence dès 1968 la surexploitation qui résulte de la non-attribution d’une ressource, donc de son caractère « public ». Longtemps, ce modèle a fait florès dans les administrations car il semblait apporter une justification scientifique à la gestion centralisée et la privatisation des ressources.

Une alternative, développée par Elinor Ostorm, autre théoricienne des biens communs (et prix Nobel 2009), est celle d’une gestion locale pour promouvoir une utilisation durable de l’eau.

L’auteur nous livre un état des lieux exhaustif de ce capital vital qu’est l’eau : « ce livre traite de la vie ». Ressource commune, source de conflits larvés avec des conséquences géopolitiques autant visibles que les ressources souterraines sont invisibles. Elle est également rare (seulement 0,5% utilisable). Lorsque l’on sait que la France ne recycle que 1% de ses eaux usées, que les tensions ne concernent pas que les aquifères transfrontaliers (mais aussi les méga-bassines en France), il n’est pas possible de se soustraire – même localement – à une réflexion sur le changement du business model de l’eau.

Fiche de lecture réalisée par Alain BRUNET

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