Cet ouvrage est la restitution des membres et des rapporteurs de la Commission de l’intelligence artificielle qui a été installée par le gouvernement de Madame Elisabeth Borne en septembre 2023. Cette commission a été chargée de présenter des propositions opérationnelles, réalistes et ambitieuses soutenues par une vision à long terme, globale et objectivée.
L’intelligence artificielle est omniprésente dans le débat public. Mais pour autant, elle n’est pas nouvelle. Alan Turing, le fameux mathématicien et cryptologue britannique s’intéressait déjà en 1950 à la capacité d’une machine à imiter une conversation. Cependant l’I.A. générative vient de constituer un tournant majeur. Par une interface de dialogue, écrit ou oral, avec l’humain, la machine va générer des contenus sous la forme de textes, d’images, de son, de vidéo ou de codes, ouvrant un champ des possibles automatisables difficilement envisageable auparavant. Cette révolution technologique, dont le potentiel de progression est considérable, affecte tous les domaines d’activité et tous les pans de notre société seront concernés à l’avenir.
Bien que l’Europe et la France aient des atouts du fait de l’excellence de leurs talents, la tendance au déclassement technologique actuel hypothèque sérieusement leur prospérité et indépendance futures. Ceci à l’inverse de la Chine et des Etats-Unis qui ont fait de l’I.A. le pilier de leur stratégie de puissance et de développement.
La commission a identifié, détaillé et chiffré 25 recommandations regroupées dans six grandes lignes d’actions structurantes, considérées comme indispensables si l’Europe et la France veulent mener une politique de déploiement et de maitrise du plein potentiel de l’I.A. :
Lancer immédiatement un plan de sensibilisation et de formation, réorienter l’épargne vers l’innovation et créer un fonds « France & IA », faire de la France un pôle majeur de la puissance de calcul, faciliter l’accès aux données personnelles dans le respect de la propriété intellectuelle, assumer le principe d’une exception I.A. dans la recherche publique et enfin promouvoir une gouvernance mondiale de l’I.A.
Le plan proposé représente un engagement annuel d’environ 5 milliards d’euros pour les cinq années à venir, dont 45% mobilisés dans l’investissement technologique et industriel et 35% dans la diffusion de l’I.A. dans l’économie. Cela constitue une augmentation d’environ 0,3% des dépenses publiques, mais dont le coût de l’inaction serait à l’inverse beaucoup plus élevé et ferait prendre un risque de déclassement historique pour la France.
Anne Bouverot, présidente du conseil d’administration de l’ENS, fondatrice d’Abeona qui œuvre pour le développement d’une I.A. responsable et Philippe Aghion, professeur au Collège de France, à l’INSEAD et à la London School of Economics ont co-présidé la Commission de l’Intelligence Artificielle qui a rassemblé des acteurs de différents secteurs (culturel, économique, technologique, recherche…).
Chronique réalisée par Philippe Alezard