Éditions Eska, Collection « Essais », 1994, 164 pages (prix Turgot 1994).
Après d’utiles rappels historiques sur la formation de l’État français, l’auteur dresse un saisissant parallèle entre la fin du XX e siècle et la chute de l’Ancien Régime. L’aristocratie au pouvoir semble plus soucieuse de défendre ses privilèges et ses postes que de contribuer à la modernisation du pays. La docilité du citoyen est obtenue par quelques promesses de distribution de pain ou de redistribution des revenus. L’auteur dénonce notamment les élus et l’administration dont la seule politique repose sur la pression fiscale. Dans une économie ouverte et globale, la France, dont les dépenses publiques absorbent plus de la moitié de la richesse nationale, fait figure de dinosaure du socialisme. Comment, dans ces conditions, la France peut-elle être encore la quatrième puissance économique mondiale ? Le fossé avec l’Allemagne ne cesse de se creuser, au point qu’une compétition entre les deux économies ne semble plus possible. La multiplication des interventions de l’État a transformé l’économie en une sorte d’«omnibus qui aurait un moteur insuffisant et trop de places assises ». La priorité ne doit-elle pas être de produire avant de répartir ? Christian Saint-Étienne analyse sans complaisance les faiblesses économiques de la France et propose des solutions constructives afin de restaurer ses fondamentaux. Il inaugure un mouvement critique à l’encontre de l’exception française, qui ne cessera de s’amplifier au cours des décennies suivantes, mais qui,
jusqu’en 2017, est demeuré largement sans effet.
Chronique rédigée par Jean-Louis Chambon