L’ouvrage collectif réunit 18 historiens et économistes qui comparent les méthodologies respectives de leurs disciplines et s’interrogent sur les voies de leur rapprochement. Ils illustrent leurs réflexions par les analyses croisées de trois terrains différents de recherche : le colonialisme, la création de connaissances académiques et le travail féminin.
La 1ere partie du livre porte sur les principaux biais qui faussent les sources – plutôt les récits pour les historiens et les données chiffrées pour les économistes – de leurs recherches. La 2e partie couvre les logiques de traitement de ces sources, et notamment, certaines contradictions dans les « chaînes de causalité » permettant d’expliquer les phénomènes. La 3e partie est consacrée aux modes de restitution des résultats de ces traitements. Les auteurs montrent les failles des récits, notamment analytiques, qui permettent d’expliquer et de discuter les résultats des recherches. Ils évoquent les apports positifs mais aussi négatifs de l’utilisation de l’Intelligence Artificielle dans les pratiques de recherche et d’expertise. Ils soutiennent notamment que les « pensées structurelles » des historiens et des économistes peuvent être déformées par les changements d’approche des phénomènes au-travers de l’histoire : les données ont plutôt porté sur les prix et les revenus jusqu’au milieu du XIXe siècle, puis elles ont mesuré des volumes et des capitaux jusqu’à la fin du XXe siècle, avant de se concentrer sur les comportements des acteurs-sujets de la société et de l’économie. Ces trois étapes correspondent en économie, à la succession de l’économie politique, de la macro-économie et de la narrative economy , et en histoire, au passage de la « grande histoire » à la « nouvelle histoire » puis à l’historial economics. Les auteurs soulignent notamment qu’en économie, les derniers Prix Nobel ont consacré des historiens de l’économie.
Alain Trannoy et Arundhati Virmani sont membres de l’EHESS.
Note de Jean-Jacques Pluchart