Presses de Sciences pô, 2023,260 pages
L’auteur dresse une « biographie de l’économie française » en soulevant des questionnements originaux sur ses singularités et ses universaux. Selon lui, la représentation de l’économie nationale est le « produit d’un travail d’inscription et d’institutionnalisation de l’économie dans la société, dont l’ingérence est relativement récente». Ce processus construc-tiviste est influencé par l’histoire nationale et par les défis successifs que se lance la société. C’est pourquoi il s’est attaché dans son livre à analyser les rôles respectifs des économistes- et notamment des « macro- économistes implantés au cœur de l’État » , des politiques, des administrateurs, des syndicalistes et des journalistes, dans ce processus. Il observe l’évolution des « forces microsociologiques et des opérations critiques ».
L’auteur constate une opposition entre « les idées politiques et la nécessité de l’économie ». Il montre que « l’impératif économique » de l’après-guerre a conféré une certaine modernité à la société française, mais que son économie a été surtout traduite par des modèles et des statistiques, comme le « modèle FIFI » et les plans indicatifs, jusqu’aux années 1970, marquées par la fin des « trente glorieuses ». A partir des années 1980, les « arrangements néolibéraux », caractérisés par la globalisation et la financiarisation des échanges, ont contribué à déconstruire ce « modèle cartésien ». La succession des crises financière, pandémique et écologique, a plongé la société française dans un débat sans fin entre le néo-keynésianisme et le néo-libéralisme, a réhabilité les « mythes » de la planification et de la réindustrialisation, et a semé des doutes sur la sincérité des messages politiques et la validité des modèles économiques.
Chroniques rédigées par L. Le Menn
Thomas Angeletti est sociologue, chargé de recherche au CNRS et à l’IRISSO