L’ouvrage porte sur un thème d’actualité en raison de la remise en question de l’aide au développement engagée par les États- Unis et de la réorientation de la politique française de coopération et d’aide au développement. L’auteur s’est principalement efforcé d’analyser avec objectivité les forces et les faiblesses de la politique en matière d’aide au développement.
L’auteur décline cette problématique dans ses multiples dimensions, historique, économique, culturelle, géopolitique et philosophique. Il montre notamment qu’elle répond aux principes du « don -contre don » théorisés par Marcel Mauss.
L’aide au développement des pays en développement et émergents couvre des actions variées répondant aux principes des 3D (Diplomatie, Défense, Développement). Elle se présente sous formes de dons, de crédits aux États et aux entreprises des pays émetteurs et bénéficiaires de projets industriels, d’infrastructures et de services notamment sanitaires et culturels, de missions d’enseignement et de recherche (notamment liées à la francophonie), mais aussi de protection de ressortissants, d’accueil de migrants, d’interventions militaires…
La politique de la France a beaucoup évolué depuis 1945, en fonction des relations diplomatiques avec les pays de la Communauté française puis avec l’ensemble des pays du Sud global. Elle a d’abord été consacrée à la mise en place d’institutions (sur le modèle français), d’équipements industriels de base (accompagnés par les « champions nationaux) et d’infrastructures dans les ex colonies, puis s’est progressivement orientée vers des projets multilatéraux en faveur des économies émergentes, notamment la Chine, la Turquie, le Brésil…. La part des dons a été réduite au profit de crédits bonifiés qui couvrent désormais plus de 80% des aides. Le système « Françafrique » mis en place par Jacques Foccart, sous les présidences du général de Gaulle et de Georges Pompidou, s’est effacé au profit de formes variées de coopération et de partenariat : « aide- sanction », « aide- chantage », mais surtout, « aide- compensation » , avec des contreparties sous formes d’accès aux ressources naturelles et/ou alimentaires, mais aussi de votes dans le cadre de l’ONU et de l’OMC. La France, comme la plupart des autres États industriels, s’est efforcée d’établir des rapports « gagnant-gagnant » avec les pays bénéficiaires, fondés sur des temps de retour acceptables des investissements.
Le budget français en faveur de la coopération a varié en fonction des partis politiques au pouvoir , pour s’établir en moyenne à 1% du PIB (hors DOM-TOM). Le « taux d’évaporation » des aides (au profit des élites locales et des cabinets de conseil) a fluctué entre 40% et… 100%. La mise en œuvre des projets a mobilisé un nombre croissant d’acteurs : chefs d’État (la coopération est un domaine réservé présidentiel), ministères de la coopération, des affaires étrangères, de l’économie, de l’industrie, des affaires culturelles, Agence Française de Développement, COFACE, grandes entreprises, cabinets d’ingénierie, banques, ONG… Leur coordination a été principalement assurée par des anciens élèves de l’École nationale de la France d’Outre mer, puis de l’ENA et de l’INSP.
L’ouvrage est à la fois bien structuré, documenté et rédigé. Il est enrichi d’études de cas et de dialogues (parfois tragi-comiques) entre chefs d’État. Sa lecture permet de mieux comprendre le recul de l’influence de la France en Afrique, investie par les diplomates, les conseillers commerciaux et/ou les armées des États Unis, de la Russie, de la Chine et de l’Inde. Elle permet indirectement de mieux comprendre la stratégie de façade adoptée par le nouvelle présidence américaine.
Philippe MARCHESIN est enseignant – chercheur à l’Université Paris I et auteur de nombreux ouvrages et articles sur la coopération internationale.
Note de J-J. Pluchart