Éditions Perrin, 2007, 175 pages, Prix Turgot 2007
Les banques centrales ont été fondées pour faciliter le fonctionnement des économies réelles et financières en assurant la liquidité des transactions et la gestion des risques. Or, elles n’ont pas anticipé la montée en puissance des pays émergents ni la disparition de l’inflation. « Avec les pertes d’emplois industriels, les menaces de délocalisation, la baisse des coûts des entreprises face à la concurrence des pays émergents, le pouvoir de négociation des salariés sur le marché du travail a beaucoup baissé ». Les banques centrales continuent à raisonner comme si elles devaient gérer des économies fermées où toute hausse du crédit entraîne à la fois des tensions sur l’offre des entreprises et des hausses de prix. Or, avec la mondialisation, l’offre est devenue mondiale : une augmentation de la demande n’est donc plus inflationniste. Par ailleurs, si les prix des biens sont maîtrisés, ceux des actifs financiers ne le sont pas, entraînant des crises financières. La banque centrale idéale devrait donc prévenir à temps les « bulles de crédit » qui nourrissent les crises. L’auteur réclame donc moins d’indépendance pour les banques centrales, qui devraient prendre des mesures monétaires plus en concertation avec les gouvernements. L’immobilisme actuel risque d’entraîner l’éclatement de la zone euro.
Patrick Artus se livre à une critique en règle des politiques menées par les banquiers centraux européen et américain : « de plus en plus, les déclarations, les actions, les analyses des banques centrales sont décalées par rapport aux attentes des citoyens, aux questions posées par la recherche économique, aux mécanismes qui gouvernent les économies contemporaines ».
Chronique rédigée par D.Chesneau