Cet essai répond à une question fondamentale qui est partagée par la moitié des français : comment satisfaire les attentes économiques et les aspirations sociales des classes moyennes françaises. Les auteurs rappellent que c’était déjà l’objectif des gouvernements au cours des Trente glorieuses : l’ascension sociale, l’amélioration du niveau de vie, la stabilité économique et politique. Un demi siècle plus tard, ces objectifs demeurent d’actualité à la lecture des cahiers de doléance rédigés après la crise des « gilets jaunes », par plus de 700 000 français. Les auteurs constatent que les propositions formulées dans ces cahiers n’ont jamais réellement fait l’objet d’analyse approfondie et encore moins d’application concrète. Celle-ci implique en effet de passer d’une vision macro-économique à une approche micro-économique, d’une modélisation théorique à une représentation pragmatique, de « fausses promesses populistes » à des projets soutenables.
Les auteurs formulent des propositions de nature à « reconstruire la classe moyenne », « exclue du modèle social » et malmenée par les crises, l’inflation, la fiscalité, les sur-réglementations et les redistributions de revenus. Ils proposent de « repartir du vécu » et de construire une « nouvelle grammaire économique basée sur les questions essentielles du quotidien ». Dans une première partie, ils préconisent d’assurer plus de sécurité économique au français, notammen grace à une réduction du coût du travail, une répartition plus juste de la valeur créée, la mise en place d’un « bouclier salarial » entre actifs et inactifs, la fixation d’une fiscalité « plus incitatives » et « plus vertueuse ». Ils proposent de « protéger le pouvoir d’achat » des français , par une meilleure valorisation de l’énergie (notamment électrique) et un ensemble de réformes concernant la TVA, les complémentaires santé et les prix des biens de consommation. Dans une deuxième partie, ils prônent « un mode de vie soutenable », avec notamment une rénovation des villes moyennes, une révision des sytèmes de mobilité, une « réindustrialisation choisie »… Dans une troisème partie, ils suggèrent d’offrir de nouvelles opportunités aux classes moyennes, par une revalorisation des études scientifiques et une promotion de la recherche, un meileur accès des enfants des classes populaires et moyennes aux éudes supérieures et aux carrières de cadres et aux professions libérales. Ils militent en faveur d’une réforme des droits de succession, et d’incitations à l’innovation plus sélectives (ils jugent trop élitiste le programme de start’up nation lancé en 2017 et inefficace le Crédit Impôt Recherche). Ils concluent par quelques conseils de bon sens aux économistes jugés trop théoriques, aux services publics insuffisamment proches des administrés et aux responsables politiques, déconnectés des citoyens.
Par leurs conseils pourtant de bon sens, les auteurs s’exposent à la fois aux critiques des classes populaires – qui composent la majorité des « gilets jaunes » auteurs des « cahiers citoyens » -, des classes supérieures – qui s’estiment trop taxées -, mais aussi des classes moyennes elles- mêmes, qui sont particulièrement divisées( actifs-retraités, urbains-ruraux, salariés-indépendants, héritiers-créateurs…).
Les auteurs puisent leurs réflexions dans leurs expériences du service public, dans une lecture attentive des cahiers de doléance et surtout, dans les derniers rapports, ouvrages et discours des économistes et des industriels actuellement les plus influents. L’ouvrage mérite d’être lu par tous les français, mais surtout par les élus en mal de réélection, par les économistes en quète de notoriété et par les médias en recherche de lecteurs.
Louis de Crevoisier (HEC-ENA-Inspection des finances) est haut fonctionnaire au Minstère de l’économie et Paul-Armand Veillon ((X-ENSAE) est administrateur de l’Insee.