La lecture du livre écrit par l’ancien président du Crédit Lyonnais, trente années après la faillite de Bernard Tapie et trois ans après son décès, est éclairante à plus d’un titre. L’ouvrage rappelle l’ascension et la chute d’un homme qui a été présenté par les médias comme étant à la fois un modèle de chanteur, d’entrepreneur, de manager, de coach sportif, d’homme politique, d’esthète… avant de devenir un « délinquant », un « menteur » et un « manipulateur ». Jean Peyrelevade démonte, documents à l’appui avec une rigueur polytechnicienne, la « légende » fabriquée par Bernard Tapie et le « bidouillage » des trois juristes du tribunal arbitral, selon lequel le Crédit Lyonnais, alors en quasi-faillite, lui aurait racheté le groupe Adidas pour 2 milliards de francs, pour le revendre peu après pour 4 milliards. Jean Peyrelevade se félicite que sa banque ait été blanchie par la Cour des comptes et par la justice, et que la vérité ait enfin pu être rétablie en 2021, soit 27 années après les faits.
Mais au-delà du diagnostic, souvent complexe, l’ouvrage se présente comme une fresque balzacienne sur les dérives de la Société française, minée par l’affairisme, les connivences et la désinformation. Mais plus encore, le livre offre un fertile terrain de recherche sur la validité de certaines théories comme celles de la sélection adverse et de l’aléa moral, de la finance créative, de l’influence, du simulacre et de la simulation…
Jean-Jacques Pluchart