, Eds Seuil, 128 pages
Le livre de Xavier Jaravel adopte une approche originale de l’innovation qui diffère du paradigme dominant de la destruction créatrice des grands systèmes techno-logiques, conçu par Schumpetrer et développé par Aghion.L’auteur observe que le processus actuel d’innovation engendre des inégalités, car il détruit des emplois, crée des rentes et pénalise les consommateurs les plus modestes. Il compare les formes humaine, financière et organisationnelle de l’innovation publique. Il critique les mesures actuelles visant à taxer la richesse ou les robots, et à instaurer un revenu universel. Il propose de « changer les priorités » en cherchant d’abord les talents inexploités , dont il pressent « le potentiel macro-économique gigantesque ».
Le processus repose en France sur une élite entrepreneuriale issue des meilleures écoles et/ou de familles privilégiées. L’innovation française reposerait donc sur « une sociologie sélective ». L’auteur compare les capacités d’innovation des Etats Unis et de la France : les premières sont évaluées par le nombre d’auteurs de brevets déposés, les secondes par le nombre d’ingénieurs-docteurs… en fonction des revenus des parents. Il soutient que la capacité innovatrice d’une nation est de nature rhizomique (selon l’expression de Deleuze et Guattari), c’est-à-dire fondée sur de profonds réseaux de modules interconnectés.
Le petit opuscule de Xavier Jaravel est introduit par de bonnes questions et conclu par des propositions stimulantes. Il est rédigé dans un style direct émaillé de formules créatives.
Xavier Jaravel est professeur associé d’économie à la London School of Economics et membre du Conseil d’analyse économique français