Jacques de LAROSIERE,   40 ans d’égarements économiques. Quelques idées pour en sortir

Editions  Odile Jacob, 2020, 207 pages

Le dernier livre de Jacques de Larosière est une magistrale leçon administrée aux gouvernants français des quatre dernières décennies. Son message est d’autant plus dérangeant qu’il n’émane pas d’un leader politique ou d’un économiste hétérodoxe, mais d’un financier mondialement reconnu. Avec un grand sens pédagogique, l’ancien gouverneur de la Banque de France et président de la BERD montre que la France « décroche » dans pratiquement tous les domaines : la baisse de la croissance économique, la chute de la productivité industrielle, la destruction d’emplois productifs, le recul de l’enseignement, la fuite des cerveaux,  le déficit du commerce extérieur, la baisse du pouvoir d’achat des ménages, le creusement des déficits budgétaires, l’envolée des endettements public et privé… La perception du déclin français est amplifiée par des références systématiques à l’Allemagne, le « meilleur élève » de l’Union européenne. Par quelques chiffres puisés aux meilleures sources, il analyse l’enchainement des facteurs qui ont alimenté cette spirale : la désindustrialisation accélérée, l’alourdissement des dépenses publiques, la montée de la pression fiscale, un centralisme bureaucratique dupliquant un « millefeuille territorial », mais aussi, l’instauration des 35  heures et le maintien de la retraite à 62 ans. Il souligne que les politiques successives de redistribution n’ont pas comblé la fracture sociale ni dissipé le « mal être des français » – perceptible dans les grèves et le mouvement des gilets jaunes.

Jacques de Larosière redoute la perpétuation, après la pandémie, du « quoiqu’il en coûte » et de « l’illusion monétaire ». Il rappelle que notre économie était déjà fragilisée avant la crise et qu’une remontée de l’inflation et des taux d’intérêt exigerait la prise de mesures fiscales et sociales difficilement supportables. Il alerte sur les multiples dangers de l’annulation des dettes publiques détenues par la BCE. Il en appelle au bon sens des gouvernants et des partenaires sociaux pour revenir à l’orthodoxie budgétaire et à la restauration de la rentabilité des entreprises.  Son message est d’autant plus troublant qu’il a conscience de son caractère désespéré, en raison du tropisme électoraliste de la classe politique et de l’attachement des français à un modèle social malheureusement inadapté au « monde d’après ».

Chronique rédigée par J-J. Pluchart

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