Jacques ATTALI. Le monde mode d’emploi, Flammarion, 290p

Lisez cet ouvrage, parfois effrayant, à un moment de grande disponibilité intellectuelle et mentale. L’ouvrage très dense, se présente comme un corpus massif ambitionnant de traiter, de manière globale, les enjeux sociétaux, financiers, économiques, sanitaires, et, en fin de compte, vitaux auxquels est exposée l’humanité.  Le Temps pour agir est compté, avec un point critique en 2050, date à laquelle, si rien n’est fait la civilisation telle que   nous la connaissons risque de disparaître.  Les risques majeurs sont climatiques, sociaux avec la paupérisation de franges de plus en plus nombreuses des populations et l’enrichissement massif de minorités, conflictuels avec des guerres entre états cherchant des filières pour maintenir leurs approvisionnements en ressources rares qu’il s’agisse de métaux rares ou d’eau dans un contexte de stress hydrique. Une rupture radicale avec le mode de gouvernance des états s’impose. Or, le mode de gouvernance facial des états n’est pas adapté aux enjeux existentiels évoqués, ci-dessus. Non plus que l’organisation des relations entre états dans un Monde multipolaire dans lequel des entreprises gigantesques agissent transversalement par rapport aux barrières souvent fictives des états.

Le profil géopolitique, à cet égard, a considérablement évolué avec trois grands pôles que sont l’Amérique du Nord, la Chine et ses satellites, l’Inde, l’Europe restant trop morcelée pour constituer un pôle à proprement parler. Dans le cadre de ce nouvel ordre mondial, les outils de régulation de la formation des prix et d’allocation des ressources restent les marchés qui se révèlent impuissants à intégrer les enjeux existentiels notamment climatiques, hydriques, sociétaux, humanitaires avec les transferts de populations de zones arides vers des zones plus tempérées. Le mode de régulation des ressources reste encore dans une perspective actionnariale, le Retour sur investissement, ROI, c’est-à-dire un calcul financier de rentabilité ,souvent à court terme, qui ignore les enjeux de moyen et long terme concernant ce que l’auteur appelle les »communs » ou « investissements communs » diffusant des  bénéfices globaux à l’ensemble de la planète qu’ils s’agisse d’énergie vertes, d’agriculture durable, d’éducation des jeunes, d’infrastructures de transport économes en énergies et favorisant le désenclavement de régions excentrées… Le temps presse si nous voulons encore vivre dans de bonnes conditions en 2050. Puissent les énergies des nations se réveiller. C’est une question de survie.

Chronique rédigée par Denis Molho

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