Hommage à Philippe AGHION 

Philippe Aghion a reçu le Prix Nobel d’économie,   avec l’Israélo-Américain Joel Mokyr et le Canadien Peter Howitt,  pour ses recherches sur la « théorie d’une croissance soutenable par le biais de la destruction créatrice » , plus précisément pour ses études sur « les dynamiques de croissance agrégée et de l’innovation réalisée par des firmes hétérogènes. »
Philippe Aghion  (ENS, docteur de l’université Paris I et de l’université Harvard)  a été chargé de recherches au CNRS et économiste à la BERD. Il a été membre du Conseil d’Analyse Économique (CAE) et de la Commission pour la libération de la croissance française. Il a enseigné au MIT, à l’université d’Oxford, à l’University College de Londres ET à l’Université Harvard.  Il est actuellement professeur au Collège de France, à l’INSEAD, à la London School of Economics et à l’École d’économie de Paris. Il a rédigé de nombreux articles et ouvrages scientifiques, ainsi que plusieurs rapports officiels, notamment pour le MEDEF (« sursaut de croissance ») et pour le gouvernement (« Notre ambition pour la France » ), chroniqué ci-après par le club Turgot.
Ses recherches ont porté à partir des années 1990, sur la problématique des mécanismes d’incitation, de faillite et de gouvernance. Il propose alors le modèle fondateur de la théorie de la croissance endogène dite schumpéterienne, fondée sur  l’innovation technologique facteur de destruction créatrice des anciens écosystèmes.  Au cours des années 2000 , il explore les rapports entre concurrence, institutions et croissance. Il établit une relation en U inversé entre intensité concurrentielle et innovation[]. Il montre que les innovations de rupture (ou radicale) stimulent la croissance économique mais creusent les inégalité sociales, notamment l’écart entre les revenus des plus pauvres et ceux des plus riches. Il révèle que ces écarts peuvent être partiellement comblés par de plus grandes mobilités professionnelles, géographiques et sociales des actifs, ainsi que par des politiques publiques, surtout fiscales adaptées.  Il souligne surtout l’importance de la formation générale et professionnelle à la fois comme stimulant de l’innovation et comme facteur de réduction des inégalités sociales.
Philippe Aghion a  également étudié les conditions favorables au décollage économique des pays en développement. Il montre que pour surmonter le « Middle-Income Trap », ces pays doivent favoriser et stimuler l’innovation endogène, par des formations adaptées, des institutions stables, une concurrence effective et un marché boursier actif.  Ses derniers travaux traitent des effets sur la croissance de l’automatisation des processus, de l’intelligence artificielle et des investissements en faveur de la protection de l’environnement.
Jean-Jacques Pluchart
AGHION Philippe., BOUVEROT Anne., I.A. Notre ambition pour la France, Eds Odile Jacob, 275 pages.
Cet ouvrage restitue le Rapport officiel de la Commission d’étude sur l’Intelligence Artificielle créée par le gouvernement d’Élisabeth Borne en septembre 2023. La Commission a été chargée de présenter des « propositions opérationnelles, réalistes et ambitieuses soutenues par une vision à long terme, globale et objectivée ». L’IA est omniprésente dans le débat public, bien qu’elle ne soit pas nouvelle. Alan Turing, le mathématicien et cryptologue britannique considéré comme étant son initiateur, s’intéressait déjà en 1950 à la capacité d’une machine à imiter une conversation. Cependant l’I.A. générative apparue en 2022 constitue un tournant décisif de cette nouvelle technologie. Par une interface de dialogue écrit ou oral avec l’humain, la machine génère des contenus sous la forme de textes, d’images, de son, de vidéo ou de codes, ouvrant un champ des possibles automatisables. Cette révolution technologique, dont le potentiel de progression est considérable, affecte tous les domaines d’activité et tous les groupes sociaux. Bien que l’Europe – et la France en particulier – aient de réels atouts en matière d’IA, elles semblent victimes d’un sentiment d’impuissance et de déclassement technologique, à l’inverse de la Chine et des États -Unis qui ont fait de l’IA le pilier de leur stratégie de puissance et le moteur de leur développement.
La « Commission Aghion – Bouverot » a identifié, détaillé et chiffré 25 recommandations regroupées dans six grandes lignes d’actions structurantes, considérées comme indispensables si l’Europe et la France veulent mener une politique de déploiement et de maîtrise du potentiel de l’IA ; lancer immédiatement un plan de sensibilisation et de formation ; réorienter l’épargne vers l’innovation et créer un fonds « France & IA » ; faire de la France un pôle majeur de la puissance de calcul ; faciliter l’accès aux données personnelles dans le respect de la propriété intellectuelle, assumer le principe d’une exception IA dans la recherche publique et enfin promouvoir une gouvernance mondiale de l’IA. Le plan proposé correspond à un engagement annuel d’environ 5 milliards d’euros pour les cinq années à venir, dont 45% mobilisés dans l’investissement technologique et industriel et 35% dans la diffusion de l’I. dans l’économie. Cela constitue une augmentation d’environ 0,3% des dépenses publiques, sachant que le coût de l’inaction serait beaucoup plus élevé et ferait prendre un risque de déclassement historique pour la France.
Philippe Aghion est professeur au Collège de France, à l’INSEAD et à la London School of Economics. Anne Bouverot préside le conseil d’administration de l’ENS et a cofondé Abeona qui œuvre pour le développement d’une I.A. responsable
This book reproduces the official report of the Study Commission on Artificial Intelligence created by the government of Elisabeth Borne in September 2023. The Commission was tasked with presenting “operational, realistic, and ambitious proposals supported by a long-term, comprehensive, and objective vision.” AI is omnipresent in public debate, although it is not new. Alan Turing, the British mathematician and cryptologist considered to be its initiator, was already interested in 1950 in the ability of a machine to imitate conversation. However, generative AI, which appeared in 2022, represents a decisive turning point for this new technology. Through a written or oral dialogue interface with humans, the machine generates content in the form of text, images, sound, video, or code, opening up a field of possibilities for automation. This technological revolution, which has considerable potential for growth, affects all areas of activity and all social groups. Although Europe—and France in particular—has real strengths in AI, it seems to be suffering from a sense of powerlessness and technological decline, unlike China and the United States, which have made AI the cornerstone of their power strategy and the driving force behind their development.
The Aghion-Bouverot Commission has identified, detailed, and quantified 25 recommendations grouped into six major areas of structural action, considered essential if Europe and France wish to pursue a policy of deploying and harnessing the potential of AI; immediately launch an awareness and training plan; redirect savings towards innovation and create a “France & AI” fund; make France a major hub for computing power; facilitate access to personal data while respecting intellectual property rights; adopt the principle of an AI exception in public research; and finally, promote global governance of AI. The proposed plan represents an annual commitment of around €5 billion over the next five years, with 45% allocated to technological and industrial investment and 35% to the dissemination of AI in the economy. This represents an increase of around 0.3% in public spending, bearing in mind that the cost of inaction would be much higher and would put France at risk of historic decline.
Philippe Aghion is a professor at the Collège de France, INSEAD, and the London School of Economics. Anne Bouverot chairs the board of directors of the ENS and co-founded Abeona, which is working towards the development of responsible AI
Philippe Alezard

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