Le dernier livre d’Henri Bourguinat répond opportunément aux questionnements actuels sur la « guerre commerciale » à laquelle se livrent les États- nis et la Chine. L’auteur rappelle les principales études sur les impacts économiques respectifs du libre-échange (le « doux commerce », selon Mon- tesquieu) et du protectionnisme. Il révèle notamment que, contrairement aux idées reçues, le nationalisme économique s’est avéré à certaines périodes de l’histoire, dans de nombreux pays (notamment, aux États-Unis), plus bénéfique que le multilatéralisme. Il montre qu’il y a plusieurs alternatives à la globalization des échanges et que l’axiome de Ricardo sur les avantages comparatifs (« le drap anglais contre le vin portugais ») est souvent contre- dit par le théorème HOS (Heckscher-Ohlin-Samuelson), selon lequel la mondialisation intensifie les transferts de compétences des pays industriels vers les pays en développement. L’auteur rappelle que diverses entraves techniques aux échanges (droits de douane, taxes, quotas, marchés publics, normes, standards, certifications…) ont été prises avant l’élection de Donald Trump. Il montre la difficulté de la « dé-globalisation » en raison du mor- cellement des chaînes de valeur productive (les exportations des pays de l’OCDE contiennent en moyenne 40 % d’importations ; Boeing compte 18 000 fournisseurs dans le monde entier). Il dresse ensuite un état des négociations en cours (au sein du G7, du G20, de l’OMC, entre gouvernements…), en faveur du maintien o de la création de zones de libre-échange (ALENA, ASEAN, TAFTA, TISA, PTA, CETA, JEFTA…).
L’auteur préconise la mise en place de dispositifs assurant un équilibre entre les ressources globales et locales, ainsi que la création d’agences publiques destinées à protéger les industries naissantes et les fleurons industriels des pays développés ou en développement.
Chronique rédigée par Jean-Jacques Pluchart