Ce livre est un voyage dans l’histoire à la fois personnelle de l’auteur et des comptes publics de l’état français. Tout d’abord on suit le jeune centralien intégrer l’ENA et découvrir, au long de ses nombreux stages de formation, les (dys)fonctionnements, les arcanes, les conflits de différents services publics et administrations de terrain.
Puis au travers de ces 32 années passées au service de la république, dans un premier temps, à la direction des prévisions du ministère des finances, on apprend, entre autre, comment fonctionne le ministère des finances, comment sont réalisées les prévisions budgétaires, les relations des changes internationaux, les manques de coopération et de coordination entre les différentes directions du ministère. Mais également, puisque nous avons la chance de (re)vivre les années 80/90 avec François Ecalle, nous le suivons lors de la libération des prix, de la préparation de l’euro et des règles budgétaires européennes ainsi que de la difficile ouverture des services à la concurrence.
Puis à la cours des comptes on contrôle le secteur bancaire et on découvre, à la Banque de France, un système comptable pour le moins hétéroclite, mais également des comptes très particuliers et des emprunts secrets de l’état, des traitements comptables et fiscaux de certaines prises de participation chez BNP et Banexi dont l’exemplarité juridique ne saute pas yeux. Après le secteur bancaire, le voyage continue dans les entreprises publiques du monde des transports, dans l’agriculture et on hallucine avec l’auteur devant les irrégularités, les faveurs obtenues, les mauvais choix, les gâchis, les réformes absurdes et les gestions calamiteuses.
Certaines des préconisations proposées lors des contrôles ont été mises en œuvre, mais ces décisions ont été longues à prendre et parfois contrariées ou annulées par d’autres réformes. Il est frappant de noter la permanence dans le temps des problèmes fiscaux, économiques, financiers et politiques et des mesures qu’il faudrait prendre les résoudre. Les observations, les diagnostics portés sur la TVA sociale, sur les retraites, sur la politique de l’emploi, sur les politiques sectorielles telles que l’industrie, le logement, l’agriculture, etc et les recommandations proposées il y a trente ans sont toujours d’actualité.
Mais tout va bien, la cours des comptes continue à publier des rapports qui restent lettre morte, la direction du trésor continue à écrire à son ministre que les déficits publics inscrits dans la loi de finance sont inatteignables sans redressement des comptes, l’état continue à laisser filer son déficit et sa dette et les français continue à tout demander à l’état. Attention toutefois à ne pas perdre notre souveraineté par l’action de certains acteurs étrangers…
François Ecalle est conseiller maître honoraire à la cours des comptes et président de Fipeco, l’association Finances publiques et économie
Note de Philippe Alezard