Elementor #76

Gauthier DOMBREVILLE, VarIAtions. IA : le puzzle de notre futur s’assemble, Eds L’Harmattan, 297 pages.

Depuis 2022 et le lancement par Open AI de la première application Chat GPT, le développement de l’IA générative (IAg) constitue une des problématiques privilégiées par les chercheurs académiques et par les praticiens expérimentés de l’IA, mais aussi par les auteurs de romans de sciences- fiction. La plupart des publications portent sur ses aspects fonctionnels et ses impacts socio-économiques, mais certaines d’entre elles   témoignent de la diversité et de l’acuité des questionnements et des inquiétudes suscités par l’essor fulgurant de l’IAg, de la blockchain  et des techniques de simulation. Ils se livrent à des approches disparates de ces développements (descriptions, exemples pratiques, étude de cas…), mais peu d’entre eux, à l’instar de Philip K.Dick ou d’Isaak Asimov, pratiquent l’art du roman ou de la nouvelle. C’est le cas du livre de Gauthier Dombreville  qui mérite une attention particulière par son originalité et sa créativité. Il s’organise en neuf nouvelles mettant en scène des situations imaginaires pouvant être suscitées par les futurs développements de l’IAg, de la conduite autonome, de la circulation administrée, des échanges instantanés, des assistants vocaux, des jumeaux numériques, des générateurs d’images… L’auteur rappelle les projets imaginés et mis en œuvre par les dirigeants des GAFAM – et notamment les « prophéties » de Mark Zuckerberg, fondateur de Méta. Il présente ensuite ces situations à la manière des romans de sciences-fiction. Il montre par des exemples concrets les dangers encourus par de « folles innovations »   numériques, par la perte de contrôle des boites noires, par des robots assistants trop intelligents, par des nouveaux humanoïdes… Bien que présentée comme une lecture de vacances, l’ouvrage incite à réfléchir sur les caractères angoissant et déshumanisant des nouveaux « paradis artificiels » engendrés par les solutions d’IAg. La lecture permet d’entrevoir certaines externalités insoupçonnées du management des entreprises. L‘auteur est un ingénieur passionné de sciences –fiction. Chronique rédigée par J-J. Pluchart

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Wladimir ANDREFF et Luc ARRONDEL (dir),  Finance et sport, Revue d’économie financière N°154, 2024

Cette nouvelle parution de la REF  s’inscrit  dans une actualité marquée à la fois par d’exceptionnels  événements  sportifs, Les Jeux Olympiques de Paris,  et  un contexte économico- financier éruptif, en apportant de  stimulants  éclairages  sur l’économie  du  sport,  champ  disciplinaire  relativement  récent.  Ce « numéro spécial » de la Revue est organisé en trois   parties   très   documentées : la première traite de certains thèmes particuliers liant finance et sport en soulignant notamment leur financiarisation progressive ; la seconde met l’accent sur les questions liées aux JO et à l’olympisme, tandis  qu’une  troisième  est consacrée au  sport le plus populaire, le football, et aux  financements des autres  disciplines : hockey sur glace , cyclisme , golf et tennis.  Autour des spécialistes de ce domaine  que sont  Waldimir  Andreff, président  du conseil  scientifique de l’Observatoire National des  Sports et de Louis Arrondel , directeur de recherche au CNRS, une équipe  d’une  vingtaine de  co-auteurs, s’attache à mettre en lumière  les  spécificités de différents sous -domaines  des sports et  en particulier, leur financiarisation (le système des enchères  avec « la malédiction du  vainqueur »), l’usage  des cryptoactifs,  le  financement  du  football  et  celui  des  autres sports, enfin, l’argent  et le bonheur  dans l’olympisme.   A la faveur  des Jeux  de 2024 à Paris , on retiendra – non sans inquiétude – quelques leçons  d’ expérience que  rappelle le professeur  Andreff : « la ville hôte des JO est maudite : elle dépasse toujours ses coût ; … les médias qui obtiennent les droits de retransmission les paient trop chers et frôlent souvent la faillite ; … les clubs qui surenchérissent pour acquérir un joueur s’aperçoivent un peu tard que c’était une erreur. …». De précieux regards   croisés qui lèvent le voile  sur  certains aspects peu ou mal connus de l’économie  du  sport. Chronique rédigée par Jean-Louis   Chambon                            

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Jean-Louis CHAMBON, Les étoiles n’oublient jamais, Eds Ovadia, 191 pages.

Jean-Louis Chambon, président d’honneur du Prix Turgot et auteur de nombreux ouvrages et articles d’économie et de finance, publie un deuxième roman consacré à la vie et aux amours d’Aurore, romancière et fille adoptive du comte Von Grunerwald. Après avoir passé sa jeunesse en Auvergne, l’héroïne se partage entre Paris où elle enseigne à Normale sup et l’Allemagne où réside sa nouvelle   famille.  L’auteur restitue finement le climat de l’après- guerre et l’ambiance des milieux aristocratiques allemands. Sous les portraits de ses héros, l’auteur, comme tout bon romancier, dévoile aussi une partie de lui-même : une brillante carrière bancaire, son sens inné des relations sociales, sa fidélité en amitié, son admiration pour l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, son attachement à l’Auvergne (une scène du roman se tient dans le fameux restaurant parisien l’Ambassade d’Auvergne). Le lecteur s’interroge toutefois sur la signification du titre du roman Les étoiles n’oublient jamais, emprunté à un album illustré, pour découvrir seulement à la fin du livre qu’il s’agit d’une épanadiplose. Bien que revêtant la forme d’un roman, ce deuxième volume est aussi un ouvrage de finance. L’auteur fait appel à sa longue expérience de banquier pour imaginer le savant montage juridique et financier qui doit permettre de résoudre « l’énigme financière » du   roman, en sauvant la fortune de l’héroïne, compromise par la prévarication d’un gestionnaire suisse de fortune. Le roman met en scène de nombreux personnages souvent attachants, des animaux familiers   et une cuisine auvergnate appétissante. Le récit est servi par une solide intrigue et une écriture sobre et élégante. En refermant le livre, on ne peut que lui souhaiter tout le succès qu’il mérite. Chronique rédigé par J-J.Pluchart

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 Collectif, les inflations, Revue d’économie Financière, n°153 1er trim2024 323 pages

En choisissant le pluriel pour titre de ce nouveau et stimulant opus collectif , les directeurs de publications Hans Helmut KOTZ*et Jean-Paul POLLIN**ont tenu  à souligner le point commun des réflexions de leurs prestigieux contributeurs et coauteurs: L’ inflation, comme son surprenant retour , est loin de se résumer dans un phénomène univoque .En effet, ce qui à l’analyse parait le plus dominant reste, à la fois, l’hétérogénéité des « Histoires d’inflations »et les différences entre les pays et les catégories de revenus .La dispersion des situations des Etats membres en est une autre illustration ..( l’ écart type de l’ inflation sous-jacente passant de1,7 en moyenne historique à 6,5 en 2023 !!°). L’inflation ainsi que les discussions sur ses origines reste un sujet récurrent qui continue d’entretenir de nombreuses polémiques entre les économistes les plus éminents. Cette nouvelle parution de la REF apporte de précieux éclairages à cette réflexion en quatre chapitres particulièrement documentés : Après un rappel du contexte historique et des différences entre les pays de l’Union monétaire européenne, les Etats unis et les économies émergentes, sont exposées les raisons du retour de l’inflation d’un point de vue analytique. Aux termes de leurs réflexions, les auteurs ouvrent des perspectives pour des politiques à mettre en œuvre pour revenir à la stabilité des prix, ce qui demeure le principal objectif des banques centrales : « … rares sont ceux qui ont vus revenir l’inflation : La hause soudaine et brutale des niveaux de prix dans le monde entier a été sous-estimée tant par les intervenants de marché, les analystes ..et les banques centrales elles-mêmes. ». Les experts de leur côté continuant à débattre sur le caractère transitoire ou permanent de cette inflation comme sur ses causes profondes : demande, offre, changements structurels ?  Ce qui par contre apparait comme inexorable, eu égard aux tensions géopolitiques, comme à l‘ampleur que prendront les sujets liés à la sécurité nationale, à la transition verte ou, numérique, c’est une tendance lourde vers une inflation sous- jacente plus élevée. Avec une prolongation de la crise du coût de la vie et des coûts politico-économiques qui l’accompagnent et bien qu’il s’agisse d’un phénomène monétaire, l’inflation est :« un symptôme de difficultés économiques, sociales et politiques réelles. » (Toblin 1987). Une évolution que Pascal Blanqué *** avait qualifiée de son coté de « changement de régime ».  Chronique rédigée parJean louis CHAMBON *Hans Helmut Kotz ??HarvardUniversity -resident fellow. **Jean-Paul Pollin ,, Professeur émérite Universitéd’Orléans . ***Pascal Blanqué, Lesaventures de l’inflation,Calmann levy 2024.

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Philippe NADEAU et Kathleen JOBIN Intelligence artificielle : Génération Générative, Eds Dunod,  240 pages.

Philippe Nadeau et Kathleen Jobin explorent les possibilités et les enjeux de la technologie dite  « génération générative » d’intelligence artificielle (IA), permettant aux algorithmes de créer du contenu original, comme des textes, des images, des vidéos…, ainsi que d’optimiser le trading financier par un enrichissement des capacités d’analyse grâce à des  techniques comme  l’apprentissage automatique permettant de déceler des motifs dans les gigaoctets de données financières historiques, des modèles prédictifs capables d’analyser une multitude de données sur la blockchain (transactions, volumes), ou la programmation “scalping” pour réaliser des micro-transactions ultra-rapides, etc …Par ailleurs, l’IA générative pourrait contribuer à la lutte contre la fraude financière, en combinant en temps réel les informations sur le client et des indices de fraude. Familiers avec le modèle de langage ChatGPT, les auteurs mentionnent d’autres outils applicatifs qui sont entrain de révolutionner le monde professionnel , mais si ces outils  offrent de nouvelles opportunités, ils soulèvent également des enjeux éthiques et sociétaux, comme une perte de confiance dans l’authenticité du contenu, qui peut êtrebiaisé, d’où la  nécessité de définir des normes et des réglementations pour protéger les particuliers et les entreprises. Les auteurs analysent la stratégie française en matière  l’IA, qui s’est déployée en deux phases : cinq premières années depuis 2018, structuration de l’écosystème , au travers de régulations, de chartes éthiques et de réglementations européennes ; cinq années suivant 2021, montée en compétences et diffusion,notamment par l’accompagnement de 500 PME et ETI pour intégrer des solutions IA dans leur processus de production et de gestion, avec  4 centres de formations pointues américaines (Google, Samsung, Microsoft et Facebook). La France se positionnera-t-elle en leader de l’IA en Europe ? Philippe Nadeau est un expert de la blockchain, Conférencier et expert dans l’industrie du numérique. Kathleen Jobin (diplômée du Massachusetts Institute of Technology en cryptomonnaies).professeure, investigatrice, experte en blockchain. Chronique de Pona SAMNIK

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Félix TORRES et Michel HAU, Le décrochage français. Histoire d’une contre-performance politique et économique (1983-2017), Eds PUF, 523 pages.

Le livre de Félix Torres et de Michel Hau s’inscrit dans un vaste courant consacré au déclin de la France, marqué notamment par les ouvrages de Philippe Aghion, Gilbert Cette et Elie Cohen, Changer de modèle (2015), de Marcel Gauchet, François Azouvi et Eric Connan, Comprendre le malheur français (2017),  de Jean-Marc Daniel, Le gâchis français ((2017), d’Hervé le Bras, Se sentir mal dans une France qui va bien, (2019), de Larosière, 40 ans d’égarements économiques (2021), de Patrick Artus et Marie-Paule Virard, Pour une finir avec le déclin (2022)… Mais Le décrochage français se distingue par son approche à la fois historique et phénoménologique des politiques économiques et sociales menées par les gouvernements français sur la période de 1983 (marquée par l’abandon du Programme commun) à 2017 (le début du 1er mandat d’Emmanuel Macron). Les auteurs analysent en profondeur les effets positifs et négatifs des nombreux plans, programmes et mesures qui ont été engagés, parfois à contre emploi, souvent dans l’urgence et rarement à leurs termes. Ils s’efforcent  d’éviter le biais de confirmation de leur vision pessimiste de la politique française, en illustrant leurs démonstrations par les rappels des narratifs des différentes parties concernées. Ainsi dans le cas de l’instauration de la semaine de 35 heures, ils rappellent les nombreux rapports à charge et à décharge que cette réforme controversée a suscités, pour enfin conclure : « les 35 heures ont eu comme premier tort d’affaiblir la compétitivité du pays, comme deuxième d’installer l’idée que le travail est une quantité finie qu’il faut partager, et comme troisième, qu’au fond, la vraie vie est ailleurs, dans les loisirs… » L’ouvrage   contribue à former les jeunes lecteurs à l’économie industrielle et financière ainsi qu’à faire revivre aux moins jeunes les faits les plus marquants de leurs vécus.  Les uns comme les autres s’interrogeront sur les facteurs qui conduisent à ce que « la France soit en grève d’elle même » : l’illusion de la supériorité du « modèle social français », le rejet des bureaucraties française et/ou européenne, la défiance envers le libéralisme, les cultes du keynésianisme et de l’impôt, l’incapacité à s‘inspirer des expériences réussies des « pays phénix » comme l’Allemagne, les Pays Bas, la Suède ou l’Italie.  Les lecteurs ne pourront que constater que l’État français est confronté au mythe de Sisythe, devant sans cesse lutter contre les déséquilibres économiques et les désordres sociaux, et qu’il réalise la vision prémonitoire d’Alexis de Tocqueville (1856) selon laquelle « une nation fatiguée de longs débats consent volontiers qu’on la dupe, pourvu qu’on la repose (…) ces entreprises échouent toujours et ne font qu’enflammer le peuple sans le contenter ». Le texte est enrichi par un volumineux   appareillage composé de tableaux, graphiques, notes et index . Les auteurs sont respectivement professeur émérite à l’université de Strasbourg et chercheur HDR à Sorbonne université. Chronique rédigée par J-J. Pluchart

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