L’ouvrage est intéressant à plus d’un titre : pédagogique, pratique, inspirant.
On ne peut faire de finance durable sans faire de finance d’abord ! Ce livre introduit les principales notions de finances d’entreprise et de marché, puis explique l’intérêt de ces notions pour une finance durable. Chaque chapitre porte sur une notion de finance : richesse, taux d’intérêt, rendement, bilan, portefeuille d’actifs, arbitrage, produits dérivés et même crypto-actifs ! Ainsi ce livre permet de passer de la finance « classique » à la finance durable. Voici pour le côté pédagogique.
Il est pratique par l’originalité de son format. Dans chaque chapitre, les notions sont expliquées par des enseignants et des praticiens : directeur financier, banquier central, banquier commercial, banquier d’affaires, gérant, responsable de salles de marché, évaluateur, expert-comptable, auditeur, chef d’entreprise…
On apprend que des notions telles que le TRI, le taux de rentabilité exigée, le taux sans risque, le rachat d’entreprises, les arbitrages, le « MEDAF », les options et produits dérivés, l’évaluation extra-financière, sont applicables aux modèles et au fonctionnement de la finance durable.
Le livre est inspirant car il n’est pas un plaidoyer pro domo pour la finance durable. Au contraire, le choix des interviewés, conduit à s’interroger sur les limites systémiques actuelles : difficultés de déterminer un taux de rendement d’un projet ESG et du calcul de la valeur environnementale, valeur intrinsèque du carbone, questions sur les réglements et les évaluateurs ISR….
Chaque chapitre comporte une conclusion en quelques points qui résume le développement précédent, et pose des questions, format inspirant !
Les capitaux naturel et social ne se résument certes pas à des chiffres, mais les chiffres sont indispensables et il est crucial de collecter des données fiables. Et les concepts financiers « classiques » constituent un socle solide qui peut être adapté à l’analyse de problématiques plus larges et notamment de durabilité.
L’auteur affirme à bon droit que la transition verte et durable passera par un retour de la confiance, de la gouvernance et de la valeur, et les difficultés actuelles ne sont pas omises. Et concernant la confiance E. DOLLEY affirme la nécessité du développement des blockchains. Compte tenu de sa consommation énergétique, ce point semble contre-intuitif, mais les arguments proposés sont forts.
La traçabilité des fonds investis dans des projets, la fiabilité des données amont si difficiles à obtenir au point que la Directive OMNIBUS en a limité les obligations d’obtention, les sources d’énergies renouvelables « certifiées » permettraient de justifier et de satisfaire les besoins d’information des agents économiques.
Ce livre ne développe pas de solutions clé en main, mais il fournit une sorte de bréviaire sérieux et accessible. Ainsi la transition serait portée par une approche « bottom-up », le top down ayant, selon l’auteur atteint des limites bien décrites.
Dominique Chesneau