L’auteur signe avec Ainsi va la France : Manifeste libéral un diagnostic incisif des maux qui paralysent la France. Porté par une plume vive, aux accents parfois pamphlétaires, tempérée par l’analyse clinique et concrète d’un praticien de proximité, il trace un chemin clair pour conjurer ce déclin.
Débutant sa démonstration en s’attachant à « voir ce que l’on voit », comme l’écrivait Péguy, l’auteur dresse un constat crépusculaire. La France, jadis phare des Lumières, s’étiole sous un État centralisé, hypertrophié, captif d’une dette hors de contrôle. Son universalisme républicain ploie sous les coups de boutoir d’un communautarisme séparatiste, nourri par une immigration massive. La nation faillit à garantir les droits absolus du pacte social : l’ordre public, sœur de la liberté, est mis à mal par une politique pénale jugée complaisante ; l’éducation publique s’égare dans le wokisme, au détriment des apprentissages fondamentaux ; l’esprit d’entreprise est asphyxié par une hypernormativité et des impôts de production écrasants ; la compétitivité de l’agriculture et des industries est entravée par un écologisme technocratique punitif, une politique énergétique erratique et une administration kafkaïenne.
Le constat dressé, l’auteur s’emploie à dessiner un projet de redressement pour le pays. Il appelle à moderniser l’État par une décentralisation audacieuse, fondée sur la subsidiarité, où les maires, artisans du réel, deviennent des leviers d’innovation. Une lutte implacable contre la délinquance et l’islamisme avec un retour à l’assimilationnisme est prônée. Il appelle à revitaliser la culture et l’éducation pour renouer avec les valeurs universelles, antidote aux tensions identitaires.
Il plaide pour un sursaut civique, qui exige des réformes pour sauver le pacte social fragilisé par un système de santé en crise, une démographie déclinante et un effondrement scolaire : capitalisation partielle des retraites, refonte de l’assurance chômage, politique nataliste, et une école recentrée sur les savoirs fondamentaux, en opposition au wokisme et au racialisme, fléaux d’une « décivilisation » que l’auteur combat avec opiniâtreté. Il encourage une économie écologique de marché, avec le nucléaire, énergie par essence décarbonée, comme pivot stratégique, et une agriculture durable et compétitive, libérée des rigidités réglementaires absurdes. Il prône une reconquête industrielle dans l’automobile, le spatial et l’IA, permise par une réduction des dépenses publiques et un allégement massif des impôts de production.
Son manifeste se poursuit par une analyse partisane des élections européennes de 2024, marquées par la poussée du Rassemblement national et la résilience de la droite républicaine menée par FrançoisXavier Bellamy, qui a conduit le président de la République à dissoudre l’Assemblée nationale.
Or dans une France souvent rétive au changement, si son constat est partagé par la majorité des commentateurs et de l’opinion publique, sa vision, radicale au sens étymologique, pourrait se heurter à la technostructure administrative et aux corps intermédiaires, syndicats en tête. L’on est alors en droit de se questionner sur l’improbable adhésion à ce projet ambitieux par une haute administration dont l’éthique de conviction risque de s’effriter face aux exigences de l’éthique de responsabilité chère à Max Weber.
David Lisnard, né en 1969 à Limoges et diplômé de Sciences Po Bordeaux, est un homme politique français, membre des Républicains. Fondateur du mouvement Nouvelle Énergie et maire de Cannes depuis 2014, il est président de l’Association des Maires de France depuis 2021.