L’ouvrage présente les travaux de recherche honorés par deux Prix Nobel d’économie en 2024. Il se présente sous la forme d’une monumentale revue de littérature scientifique sur les facteurs, les formes et les effets conjugués de l’innovation technologique et du changement institutionnel au travers des âges. Il porte notamment sur les interactions entre la révolution numérique et la mondialisation des marchés depuis les années 1980.
L’ouvrage débute par une discussion sur les notions de progrès à la fois technique, institutionnel et idéologique. Il se poursuit par un rappel des débats sur la mécanisation des procédés agricoles puis industriels, qui ont entraîné plusieurs vagues de « chômage technologique ». Les deux auteurs comparent notamment les positions parfois contradictoires adoptées par les plus grands économistes sur ces phénomènes qui ont entraîné une concentration des richesses et un creusement des inégalités entre les forces du travail et du capital. Ils montrent en particulier que ces mutations technologiques et socio-économiques ont été favorisées par des institutions et des idéologies, d’abord keynésienne puis néo-libérale, qui ont été de plus en plus adaptées aux groupes sociaux dont le pouvoir repose plus sur le capital que sur le travail. Ils analysent notamment le déclin des syndicats et des partis politiques en lutte contre les inégalités sociales.
Les deux lauréats du Prix Nobel observent également que l’IA, surtout dans sa forme générative, engendre de faibles gains de productivité, mais stimule la créativité sous toutes ses formes et développe les relations humaines, qui sont à la fois des sources de croissance économique et de bien-être social. Ils soutiennent que l’humanité devrait chercher à améliorer l’utilité des machines plutôt qu’à n’y percevoir que leur dangerosité. Ils déplorent notamment l’utilisation de l’IA pour désinformer et manipuler l’opinion. Ils dénoncent la dérive actuelle consistant à considérer l’IA comme étant au service d’une société de surveillance et de contrôle des citoyens au nom d’une idéologie. Ils comparent les cadres éthiques instaurés par les différents pays et proposent une nouvelle forme de gouvernance mondiale de l’IA favorable à la fois à l’innovation technologique et au bien commun.
Un des principaux intérêts de l’ouvrage est donc de présenter sous une forme didactique les principaux travaux de recherche anglo-saxons consacrés à l’évolution des rapports entre le progrès technique et les instituions des pays occidentaux, mais aussi de contribuer à la réflexion actuelle sir l’encadrement de l’IA.
Daron Acimoglu et Simon Johnson sont professeurs au MIT et co- lauréats du Prix Nobel d’économie de l’année 2024.
Note de J-J.Pluchart