Le 25 novembre 2025, le club Turgot, représenté par J-J.Pluchart, a été invité par le réseau Cerfrance à animer une conférence-débat sur les enjeux actuels de l’IA pour les entreprises productives et les associations professionnelles. L’organisation Cerfrance regroupe 700 agences, 14 000 experts et 320 000 clients « engagés pour une performance économique, humaine et durable ».
Apres avoir retracé les cycles de développement de l’IA, successivement « faible » puis « forte » , ont été analysés les fonctionnalités et les métiers engendrés par l’IA. La « pile technologique » de l’IA comporte désormais trois couches : l’IA systèmique (semiconducteurs, réseaux, data centers), l’IA fonctionnelle ( reconnaissance, gestion de données, traitement, stockage, sécurité), l’IA agentique (Texte : traductions,rédaction d’articles, résumés, scripts, réponses automatiques ; Image : création artistique, design graphique, illustrations ; Vidéo et audio : génération de voix synthétiques, musiques, animations ; Code : assistance à la programmation, génération de scripts ou de fonctions).
De plus en plus de secteurs d’activité doivent adapter leur organisation du travail, notamment les santé, défense, banque-assurance, cyber- sécurité, production industrielle (cobotique), mobilité, édition, cinéma- médias, éducation, recherche, programmation … Les fonctions stratégiques, la gestion de crise, les services de proximité , sont a priori épargnés. Les propositions d’adaptation formulées dans les rapports de Villani (2018), Draghi et Letta (2023), Aghion-Bouverot (2024) et du Sommet de l’IA de février 2025 ( IA « levier de puissance ») ont été présentées.
Les problématiques soulevées par le développement de l’IA ont été ensuite débattues: l’IA et la souveraineté nationale, la contribution de l’IA à la productivité et à la croissance économique, l’impact des data centers sur les émissions de GES, le financement des investissements dans la R&D de l’IA, la rentabilité des modèles d’IA générale, la « bulle boursière » de l’IA, la destruction et la transformation des emplois, les positions dominantes et les accords de coopération des GAFAM, les codes éthiques de l’IA… Il apparait que les problèmes juridiques différent selon les phases du processus de création de valeur par l’IA : les collectes des données par les agents de l’IA, les apprentissages par des modèles de renforcement et l’exploitation des applications grace aux questions des utilisateurs (prompts).
La conférence a également porté sur les biais généraux et spécifiques des modèles d’IA : les biais techniques et psychologiques (perceptuels, émotionnels et cognitifs), les biais spécifiques de l’IA générative (liés à des disparités linguistiques et au caractère implicite), les biais volontaires (simulations, manipulations, falsifications, intrusions)*.
La présentation a été conclue par une réflexion sur les stratégies à mettre en œuvre afin de transformer l’IA en avantage concurrentiel, et notamment, sur les nouvelles approches du « management augmenté » , de l’intégration des systèmes de gestion, de l’audit des fonctions « à fort quotient IA » , des nouvelles aides à la décision, des actions de benchmarking, de nudging, d’aide aux devis (Relief) et au dépannage, de contrôle- qualité, de cybersécurité, et de formation à l’IA et à l’éthique .
La conférence a été illustrée par des cas d’usage et des références aux ouvrages et rapports chroniqués sur clubturgot.com et analysés dans le dernier livre du cub Turgot : Nouvelles réflexions sur la richesse des nations. Les leçons de Turgot et de Smith.
Jean-Jacques Pluchart
*voir chronique sur l’IA et la propriété intellectuelle