Crypto actifs et non crypto monnaies. D’emblée, les deux auteurs, orfèvres sur les aspects tant techniques, qu’économiques ou géopolitiques liés aux moyens de paiement, nous mettent en garde contre des erreurs fondamentales d’appréciation de ce que sont les soi -disant « crypto monnaies », tel le bitcoin. Elles ne remplissent pas les attributs d’une monnaie qui sont d’être une unité de compte, un moyen d’intermédiation des échanges, enfin une réserve de valeur ; les auteurs préfèrent parler de crypto-actifs qui, en l’absence d’instances efficaces de régulation, présentent des risques considérables, essentiellement liés à une volatilité incontrôlée sans contreparties concrètes et ne constituent, en aucune façon une réserve de valeur. Une large part de l’ouvrage est consacrée aux risques engendrés par l’expansion incontrôlée des crypto actifs Citons, par exemple l’anonymat de détention des actifs et l’impossibilité de remonter aux transactions sous-jacentes, l’extrême volatilité des cours de ces actifs, l’expansion fulgurante de transactions illicites liées à des opérations de blanchiment ou de trafic d’armes sur le dark web. Globalement, en l’absence de cadrage par les banques centrales, les flux de cryptoactifs constituent une menace pour l’ordre monétaire et financier. L’ouvrage développe, ensuite, les opportunités offertes par les technologies sous-jacentes autour de la blockchain. Cette technologie correctement utilisée, c’est-à-dire exploitée dans un cadre réglementaire adapté, peut servir de plateforme à une décentralisation d’une partie des activités financières, par exemple pour certains crédits spécialisés et dûment régulés et des opérations de paiement sécurisées. L’enjeu majeur est la souveraineté des Banques centrales qui peuvent se trouver dépossédées de leur rôle de régulation des devises officielles. A cet égard, l’ouvrage est force de proposition pour une utilisation encadrée des crypto actifs qui ne doivent, en aucun cas, devenir une monnaie officielle.
Denis Molho