Le mutualisme s’inscrit par définition dans le temps long, et on en ferait presque l’éloge de la patience. Comment peut-il être ainsi la solution à une société parcellée, à la montée de l’individualisme, et où chaque prise de décision s’accélère au rythme de l’IA, …
Que reste-t-il de l’héritage de Raiffeisen, un des fondateurs du mutualisme et de sa raison d’être de l’époque « Aider et Servir » ?
C’est tout l’objet de l’essai écrit par Daniel BAAL et Nicolas THERY qui souhaitent convaincre les lecteurs que le mutualisme est tout sauf hors du temps et qu’il n’a jamais été aussi moderne face aux défis qui s’imposent.
A travers leurs expérimentations en tant que Présidents au sein de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, ils exposent leurs décisions et leurs stratégies notamment depuis l’adoption du statut d’entreprise à mission en 2020.
L’essai promeut le mutualisme par la preuve au travers de ses parties prenantes. Le mutualisme n’est performant que s’il se nourrit de la diversité de ses élus et de ses salariés autour d’une vision commune. C’est l’engagement du collectif qui prime sur l’intérêt de l’individu, en mettant la société et ses besoins au cœur des attentions.
Les auteurs restent malgré tout objectif, car pour que ce mutualisme reste à la hauteur de ses valeurs et de ses ambitions, il reste encore un peu de chemin à faire pour améliorer la diversité des profils et la féminisation dans les organes de direction et de surveillance. « Les escaliers se nettoient en commençant par le haut » : l’exemplarité imposée par la fonction est essentielle pour engager l’ensemble des parties prenantes.
Face aux conséquences du réchauffement climatique, un parallèle intéressant est décrit dans l’essai entre une crise financière et une crise climatique. L’accumulation de richesses spéculatives ou des gaz à effet de serre finit à un moment ou à un autre par céder. Le mutualisme en étant centré sur les besoins de son territoire répond à l’urgence des enjeux environnementaux et solidaires.
Les auteurs défendent le dividende sociétal annoncé en 2023. En allouant 15% de son résultat net au bénéfice de la société chaque année, il souhaite agir et accompagner les territoires dans la transition écologique.
Sans oublier de rappeler que le Crédit Mutuel comme ses 2 concurrentes banques mutualistes (Crédit Agricole et BPCE) sont les 1ères contributrices à l’impôt sur les sociétés en France et ainsi, au financement des services publics et des investissements nécessaires aux transitions énergétiques et sociétales.
Coïncidence du calendrier, cet essai est publié dans « l’année internationale des coopératives 2025 » décrétée par l’ONU. Un argument de plus, pour que les fondements et valeurs du mutualisme doivent être repris par l’ensemble des entreprises de l’économie sociale et solidaire ; et tous les citoyens qui souhaitent agir « pour une société plus mutuelle ».