Cet ouvrage a été publié en 2024, mais les débats parlementaires actuels, emprunts d’une forte dose d’idéologie, le rende très actuel. Le capitalisme a été laissé livré à lui-même car depuis les années 80, et ne s’appuie plus sur lui pour faire progresser les conditions de vie tous ; ainsi les gouvernements successifs semblent, par facilité ou par conviction, avoir négligé les infrastructures sociales – l’hôpital, l’école, la justice, …- dont la qualité reflète pourtant le prix qu’une démocratie donne à la vie de chacun ! Et les économies occidentales en général et la nôtre en particulier en sont dans la situation que l’on connait, visant à tenter de résoudre un conflit des horizons dont le concept a émergé voici une dizaine d’année pour caractériser les difficultés de gestion des transitions énergétiques et environnementales, et qui peut être étendu aux transitions sociétales actuelles.
L’auteur, économiste reconnu ayant œuvré dans les banques et au sein de gérants d’actifs, est un partisan d’un capitalisme tourné vers le bien commun, corrigé des dérives rendant le monde de plus en plus menaçant. Aussi, l’ouvrage est un plaidoyer pour que nos sociétés, utilisant les ressorts du capitalisme, investissent de nouveau pour « améliorer la vie des hommes ; et cela ne va pas aller de soi ».
Si la démocratie a fait du capitalisme un facteur de progrès…le laisser faire a conduit à de nombreuses dérives ; ce sont les thèmes des deux premiers chapitres. Suivent deux illustrations que « la mondialisation n’a pas rendu la Terre plus plate » et que « la fin de l’URSS n’a pas marqué la fin de l’histoire ». Enfin, les deux dernières idées développées sont des injonctions de « reprendre la barre » et « regarder l’avenir de plus près » ; idées rebattues par beaucoup, mais qui sont traitées avec finesse, hors des sentiers habituellement empruntés par les chroniqueurs… car Anton BRENDER n’est pas un chroniqueur mais un économiste de terrain qui aborde, avec son expérience et ses cultures personnelle et professionnelle, ce qui est parfois pris comme des poncifs tels que : oublier le PIB ? s’endetter plus, ? des règles budgétaires absurdes ? le pari de la soutenabilité, donner plus de prix à l’avenir, la démocratie au défi, l’influence des plateformes, l’affaiblissement des canaux d’information traditionnels,… L’approche est donc d’objectiver ces thèmes en tentant de distinguer ce qui relève des faits et de l’opinion, de la réalité et de la perception.
La conclusion est que le chaos du monde, le changement climatique et les tensions toujours plus aigües qui se manifestent dans notre pays rendent le besoin d’agir pressant. Reconstruire le socle des solidarités qui sont le fondement d’une société démocratique devrait une priorité des gouvernants…et des citoyens. Cela passe par une consolidation des infrastructures matérielles et sociales qui disent quel prix une société accorde à la vie de chacun. Cela peut aussi passer par une réflexion sur une redistribution des revenus limant une partie des inégalités engendrées naturellement par le capitalisme ; et cela passe surtout par une mobilisation du plus grand nombre.
Seule une prise de conscience par le plus grand nombre peut permettre d’y parvenir. Les débats actuels sur les points d’augmenter les prélèvements pour financer un accroissement des dépenses -ou l’inverse- sans réflexion sociétale d’avenir, montrent que nous en sommes loin. Il reste 18 mois avant la prochaine élection présidentielle et cette prise de conscience conduisant à la fixation d’un cap acceptable par le plus grand nombre : c’est peu !



