Clément Carbonnier retrace l’histoire de la politique française du travail depuis l’après-guerre. Il soutient qu’il n’existe pas de relation économique entre le coût du travail et l’emploi productif. Il montre la diversité et la complexité des dispositifs mis en œuvre pour transférer le financement de la protection sociale, limiter son coût et assurer une modération salariale. Il analyse les effets secondaires de ces politiques, comme le développement de la protection privée, l’instauration de minima sociaux et la fiscalisation des compléments de salaires. Ces mesures auraient été toutes inefficientes puisque le taux d’emploi français – notamment parmi les jeunes et les seniors – est un des plus faibles d’Europe. Ces politiques auraient été toutefois justifiées par la conviction dominante selon laquelle les emplois publics sont improductifs et que seul l’emploi privé est efficient. Les déséquilibres actuels seraient dus à une baisse incontrolée des prélèvements obligatoires, des impôts sur les entreprises et les revenus du patrimoine et à des allègements de cotisations sur les compléments de salaires. La révision de ces mesures susciterait une vague de mécontentement car elle n’aurait que des effets à long terme, ce qui a dissuadé les élus de réformer. L’auteur est convaincu qu’en l’absence de courage politique, l’Etat français sera contraint de se plier aux règles imposées par les institutions et les marchés internationaux.
L’auteur s’efforce donc de montrer les caractères inextricable du problème social et ineluctable des sanctions économiques internationales en l’absence de réforme. Il révèle l’ampleur des impasses auxquelles la société française est confrontée et la difficulté d’en sortir par une politique néo-libérale ou post -kenésienne. Les mesures destinées à restaurer à la fois l’équilibre budgétaire, l’égalité sociale et la compétitivité des entreprises, constituent une « quadrature du cercle », car elles impliquent des réformes structurelles et une révision radicale des dispositifs actuels de régulation sociale.
Le principal intérêt du livre réside dans son analyse de la portée et des limites des politiques sociales successives et des raisonnements tenus par les décideurs néo-libéraux et post-keynésiens pour éviter un creusement des déficits et un alourdissement de la dette sociale.
Clément Carbonnier est Professeur d’économie à l’Université de Paris I et auteur de nombreux ouvrages.
Jean- Jacques Pluchart


