La planification à la française des Trente glorieuses, initiée par Jean Monnet, a laissé place à une nouvelle forme de planification plus globale et soutenable : la « planification écologique », qui porte sur les objectifs à atteindre et les ressources à mettre en œuvre afin d’assurer les transitions énergétique, écologique, économique et sociale, aux horizons 2030 et 2050. L’auteure montre la diversité des dispositifs à mobiliser, des conventions, lois, décrets et normes à définir afin d’instaurer une « économie frugale, décarbonée, circulaire et durable ». Les enjeux écologiques, économiques et sociaux sont imbriqués et la plupart des contraintes – notamment sectorielles et territoriales -suscitent des réactions souvent contradictoires de la part des nombreux acteurs sociaux impliqués. C’est pourquoi l’auteure estime que la transition implique un « renouveau démocratique », notamment en France.
Mathilde Viennot compare les différents modes de planification à travers l’histoire : autoritaire à la soviétique, indicative à la française, incitative dans le cadre du New Deal… Elle analyse les portées et surtout les limites des paramètres conventionnels qui sous-tendent les projections économiques (taux d’actualisation, PIB, dette…). Elle souligne la difficulté d’arbitrer entre une régulation des marchés et une réglementation de la production et de la consommation. Elle estime que la planification écologique repose d’abord sur plus de sobriété dans las façons de se loger, de se déplacer et de se nourrir. Elle compare les différentes estimations des sur- investissements nécessaires (en 360 et 416 milliards € par an en Europe à l’horizon 2030) et analyse les montages financiers nécessaires, puis en déduit que l’Union et les États européens devront être à la fois « trésoriers, compensateurs, architectes, co-investisseurs et percepteurs ».
L’auteure fait preuve d’un sens exceptionnel de l’analyse et de la synthèse sur une des problématiques contemporaines les plus complexes et essentielles.
Mathilde Viennot (ENS, docteure en économie de l’EHESS) est membre de France Stratégie.
Jean-Jacques Pluchart.