L’ouvrage soulève d’utiles questionnements sur le développement du bitcoin, qui a été conçu en 2009 par Satoshe Nakamoto et relancé en 2025 par la nouvelle présidence américaine . Le bitcoin est à la fois un actif cryptographique et une monnaie alternative relevant du shadow banking. Il assure les trois fonctions d’une monnaie officielle : unité de compte, vecteur de transaction et réserve de valeur. Le système du bitcoin est décentralisé et autogéré. Il exploite la technologie de la blockchain, basée sur l’encapsulement de transactions dans des blocs dont l’empreinte numérique (le hash) sous forme d’équations probabilistes complexes, est vérifiée par des fermes de minage (Proof of Work).
Le contrôle du système – qui est de plus en plus utilisé par des États, des administrations, des entreprises et des ménages – présente désormais des enjeux stratégiques pour les gouvernements, les banques centrales et les banques commerciales. Les transactions financées par des bitcoins font l’objet d’une régulation par le Conseil de Stabilité Financière, le Comité de Bâle, la Banque des Règlements Internationaux, le Groupe d’Action Financière, au niveau international, et le règlement MICA, dans le cadre de l’Union européenne. Malgré cet encadrement de plus en plus contraignant, depuis l’échec du libra de Facebook, le bitcoin continue à susciter des interrogations et des inquiétudes parmi les institutions monétaires, les établissements financiers et le grand public. Le bitcoin soulève par ailleurs des problèmes écologiques, étant consommateur en électricité et contribuant au réchauffement climatique.
Les auteurs de l’ouvrage exposent les dilemmes affrontés par les gouvernements, dont certains (Salvador, Nigeria) l’ont adopté comme monnaie officielle, d’autres (comme la Chine) l’ont interdit, et la plupart en tolère l’utilisation sous certaines conditions. La Banque Centrale Européenne l’a relégué au rang de « pseudo -monnaie ». Il semble que le bitcoin soit désormais considéré comme une « valeur refuge », (le « bitcon -or »), une voie de contournement de sanctions internationales (pour la Russie), une alternative au dollar (pour les BRICS), ou « une réserve de valeur numérique ».
La lecture de l’ouvrage requiert une attention soutenue en raison de son caractère à la fois conceptuel et technique, mais elle contribue à une meilleure compréhension des forces et des faiblesses du système monétaire international actuel.
Jean-Charles Galli est enseignant-chercheur et conseiller auprès de start’up. Alexandre Stachtcenko est directeur stratégie chez Paymium.
Jean-Jacques Pluchart