L’ouvrage, rédigé par des enseignants-chercheurs francophones, retrace les multiples aspects de la profonde transformation des universités françaises et des établissements privés, observée depuis deux décennies, notamment dans le domaine des sciences de gestion, qui forment près de 10% des étudiants de l’enseignement supérieur. Ces changements ont permis d’aligner les institutions et les procédures françaises sur des directives européennes et sur certaines pratiques internationales. Ils sont notamment intervenus sous l’effet du nouveau cursus LMD (Licence Master Doctorat) en 2002, de la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (LRU) en 2007, des programmes d’investissement d’avenir en 2010, de la loi de 2013 favorisant les regroupements et la coopération entre universités dans le cadre de COMUE ou d’EPE, et plus récemment, des mesures favorables aux MOOC (Massive Open Online Courses) et de la loi de programmation de la recherche (LPR) en 2020. La Old Public Administration (OPA) analysée par Bourdieu il ya plus d’un siècle, a laissé place au New Public Management (NPM), puis à la New Public Governance (NPG), au Public Value Management (PVM), à l’Austerity Public Management (APM) et au Sustainability Management (SM) respectueux des principes ESG (Environnement Social Governance). Cette transformation a été marquée par des débats entre toutes les parties prenantes, dans l’esprit des Critical Management Studies .
Les auteurs s’efforcent de répondre aux principaux questionnements soulevés par l’application de cette vague ininterrompue de réformes, et notamment, par la croissance rapide des effectifs d’étudiants. Ils s’inquiètent notamment de la montée des inscrits – désormais majoritaires dans la discipline du management – dans les quelque 200 établissements privés actuels, dont ils jugent le niveau de plus en plus inégal. Si quelques- uns d’entre eux ont obtenu des labels internationaux, seulement 65 universités et écoles bénéficient de formations visées et de diplômes reconnus par l’État. Les auteurs critiquent les procédures actuelles d’évaluation de ces écoles et formulent des recommandations afin d’éviter les déceptions de leurs étudiants et de leurs futurs employeurs.
Les auteurs s’interrogent également sur les conditions d’une bonne gouvernance de la recherche académique. Ils rappellent que cette dernière requiert la liberté et l’expertise du chercheur, mais aussi des conditions politiques et financières favorables. Elle ne doit pas être exclusivement « gouvernée par les nombres » (la recherche quantitative et la bibliométrie), par la « bureaucratie académique », par l’anglais qualifiée de « langue des sciences », par les revues américaines et/ou par la recherche de laperformativité des entreprises.