L’Union européenne, dans une volonté affirmée de transition énergétique et de souveraineté industrielle, déploie le Net-Zero Industry Act (NZIA), une initiative ambitieuse adoptée en juin 2024 dans le cadre du Green Deal Industrial Plan. Ce texte vise à renforcer la production de technologies propres en Europe, tout en répondant à la dynamique américaine de l’Inflation Reduction Act (IRA).
Les objectifs du NZIA sont clairs : satisfaire 40 % des besoins européens en technologies propres d’ici 2030 et représenter 15 % de la production mondiale d’ici 2040. Les priorités incluent des secteurs clés tels que l’hydrogène, le solaire photovoltaïque et les technologies de capture carbone. Cette initiative s’inscrit dans une stratégie de compétitivité industrielle, tout en accélérant la transition énergétique et en réduisant les émissions de carbone.
Pour faciliter cette transformation, le NZIA introduit une procédure simplifiée pour l’approbation des projets industriels liés aux technologies Net-Zero. Les délais sont considérablement réduits : 12 mois pour les projets de moins de 1 GW et 18 mois pour ceux dépassant cette capacité.
Une stratégie nationale ambitieuse : le pacte solaire français
La France, de son côté, s’investit activement dans le développement de ses capacités solaires. Entre 2020 et 2024, les installations solaires sont passées de 2 GW à 3,3 GW, mais le pays reste encore loin de l’objectif de 6 GW annuels fixé par le gouvernement.
Pour atteindre cette cible, le pacte solaire prévoit une mobilisation renforcée des ressources publiques et privées. Dès 2025, des critères ESG (Environnement, Social, Gouvernance) seront introduits dans les marchés publics, avec une prime incitative pour les projets utilisant des panneaux solaires fabriqués en Europe.
Un crédit d’impôt stratégique lancé en mars 2024 devrait générer 23 milliards d’euros d’investissements directs et permettre la création de 40 000 emplois dans la filière photovoltaïque française.
Le verdissement des marchés publics
À partir de 2025, les marchés publics supérieurs à 25 millions d’euros devront répondre à des exigences strictes : aucun produit provenant à plus de 50 % de pays tiers ne pourra y être intégré. Cette mesure vise à réduire la dépendance aux importations étrangères, tout en stimulant la production locale.
Cependant, la faible capacité de production européenne actuelle pourrait poser des défis. Renforcer la compétitivité des fabricants locaux et accélérer la production industrielle de panneaux solaires seront des priorités pour éviter une rupture d’approvisionnement.
Les défis financiers
Bien que le NZIA encourage l’investissement privé et mobilise les fonds publics existants, le financement des projets reste une difficulté majeure. Les ressources européennes actuelles, telles que le programme Horizon Europe ou le mécanisme de transition juste, apparaissent insuffisantes en comparaison des montants massifs investis par les États-Unis via l’IRA.
Cependant, un éventuel démantèlement de l’IRA sous une nouvelle administration américaine pourrait ouvrir une fenêtre d’opportunité pour l’Europe, permettant de renforcer ses capacités dans un contexte international redéfini.
Une souveraineté énergétique à construire
Les acteurs européens de la filière solaire s’organisent pour répondre à ces défis. Parmi leurs engagements figurent la promotion d’un indice de performance des panneaux solaires baptisé InduScore, la signature de contrats à long terme pour sécuriser l’approvisionnement et le déploiement d’au moins 30 % de panneaux certifiés InduScore dès 2025.
Toutefois, la domination de la Chine sur le marché mondial du photovoltaïque demeure un obstacle majeur. Les capacités industrielles chinoises, largement supérieures aux besoins européens, continuent de poser un défi important à la souveraineté énergétique européenne.
Conclusion : des ambitions à concrétiser
Le Net-Zero Industry Act et le pacte solaire français constituent des leviers essentiels pour permettre à l’Europe de répondre à ses objectifs climatiques et énergétiques. Pourtant, plusieurs défis restent à surmonter : sécuriser un financement durable, réduire la dépendance aux importations et accélérer la production locale.
La réussite de ces initiatives nécessitera une coordination étroite entre les institutions européennes, les gouvernements nationaux et les acteurs privés. En France, le pacte solaire offre une opportunité unique de positionner le pays comme leader européen de l’énergie solaire. Pour y parvenir, il faudra relever ces défis avec une vision ambitieuse, un cadre réglementaire stable et des moyens financiers adaptés.
Chronique réalisée par Benoit Frayer