L’ouvrage collectif, dont la rédaction a été coordonnée par Christian Walter et Éric Brian, présente et critique le concept – jugé subjectif- de « valeur fondamentale » d’une entreprise, basée sur la projection de ses flux (dividendes, résultats, cash-flows disponibles…) actualisés. Les auteurs montrent que la fixation du taux d’actualisation – et, singulièrement, de la prime de risque sur les apports en capitaux – soulève une problématique délicate, sinon insoluble, car elle se fonds soit sur les récurrences empiriques du passé, soit sur les anticipations hypothétiques du futur. Ils introduisent le concept de « bulle rationnelle », dont l’impact doit être ajouté à la valeur fondamentale si la limite des flux futurs ne tend pas à long terme vers zéro. Les opérations d’arbitrage devraient en principe, si le marché boursier est efficient, limiter les effets des bulles rationnelles, mais les arbitragistes sont eux-mêmes exposés aux risques de faillite et aux « bruits » qui perturbent le marché. Afin de limiter ces effets, ils proposent de substituer aux traditionnels modèles « gaussiens » de fluctuation des cours des modèles « parétiens », posant ainsi le premier jalon d’une théorie de « l’action rationnelle étendue ».
Les auteurs font observer que les derniers désordres financiers sont des « crises de la connaissance » fondées sur l’«hégémonie d’une conception mathématique » d’origine anglo-saxonne.
Christian Walter, Éric Brian et al. sont conduits à revisiter les concepts de normalité, d’excès, d’extrême, d’incertitude, de risque, d’aléa…en finance de marché et à dresser une typologie originale des spéculateurs, de leurs profils, modèles d’évaluation et supports d’information. Ils sont parmi les premiers à dévoiler « les petits et les grands arrangements » pris par la chaîne financière ».
Eric Brian est historien des sciences et sociologue.